Worldbuilding : un talent pour l'âge de l'incertitude - Umanz

Worldbuilding : un talent pour l’âge de l’incertitude

Dans ce monde d’abondance sur Internet, le travail de chacun est de construire un monde. Votre travail n’est pas seulement de vendre une chose et de la vendre, vendre, vendre encore. 

Votre travail est en fait de créer un monde si intéressant et si convaincant et qui offre un telle signification que les gens entrent et explorent ce monde, qu’ils puissent y passer du temps, sans même que vous soyez là.

Alex Danco, Shopify

De même que je vous avais parlé du Lorecraft il y a quelques mois. Je voulais aujourd’hui ouvrir le chapître du Worldbuilding.

Issu du monde des jeux de rôles, de la science-fiction et des jeux vidéo le Worldbuilding (la construction de monde) est un outil utilisé : “pour créer le cadre, la scène, le contexte, la culture et l’histoire qui ont eu lieu avant même que l’histoire actuelle ne commence à se dérouler.”

Le Worldbuilding est donc un talent qui peut tout aussi bien s’appliquer à la création d’entreprises ou de marques iconiques.

Chez les auteurs de Science Fiction comme Frank Herbert et Isaac Asimov, le World building implique une imagination prodigieuse quant aux tenants et aboutissants d’un système politique et planétaire ainsi que les personnages qui l’animent.

Les grands créateurs comme les grands CEO sont nécessairement des WorldBuilders. Ce sont des conteurs nés à l’imagination puissante.

Avez vous vu la façon dont Walt Disney avait conçu en 1957, Disneyland et son écosystème élargi ?

 

Aujourd’hui, les créateurs de monde utilisent des outils fascinants comme World Anvil pour bâtir des mondes permettant de donner une cohérence et de suivre l’histoire de leur propre univers à mesure qu’il se complexifie.

Ces outils sont la garantie de la fluidité du monde et du narratif. Quels seraient les outils équivalents destinés à maintenir la culture en entreprise, son évolution et la garantie de sa continuité ?

Créer un monde demande une curiosité sous stéroïdes, tout bâtisseur de monde devra se renseigner sur la physique, la géologie, l’histoire, la chimie pour ne pas finir dans une impasse. Les bâtisseurs de monde sont donc nativement curieux explique un autre créateur de monde Ian Cheng l’auteur de Worldto.live.

Il définit lui même le Wordling, l’art de créer des mondes comme : “l’art de concevoir un monde : en choisissant son présent dysfonctionnel, en conservant son passé habitable, en visant son avenir transformateur et, finalement, en le laissant échapper à votre contrôle d’auteur.” Ça vous rappelle quelque chose ?

En ce sens, le Worldbuilder n’est pas seulement un curieux c’est aussi une personne rare capable de développer une pensée systémique.

Car comme l’explique Jay Springlett proche de la mouvance SolarPunk, chaque monde doit être conçu comme une entité intégrale donc pensé dans sa globalité. Il cite à ce propos la phrase de Richard Bartle, le père du Worldbuilding et des premiers mondes virtuels.

“Peu importe la perfection des parties, c’est par l’ensemble qu’elles sont jugées.”

Les entreprises sont souvent des systèmes en équilibre instable et en entropie permanente. Malheureusement, ce sont aussi souvent des univers sans âme. Or le worldbuilder, n’est pas qu’un créateur d’histoire c’est aussi un merveilleux densifieur de culture.  Et aujourd’hui les entreprises meurent tout autant de l’absence d’imagination que de l’absence de lien.

Et si le Worldbuiding était enseigné dans les écoles de commerce ? Après tout, comme le faisait finement remarquer Troy Wosseler sur Twitter « Il y a plus de fictions écrites sur Excel que sur Word ».

Déjà la prestigieuse université de Stanford commence à s’intéresser au sujet et près de 400 personnes se présentent comme des Worlbuilders sur LinkedIn…Car, in fine, le Worldbuiding c’est une curiosité, une imagination nativement systémique, un sens inné de la cohérence doublé d’une capacité de créer des liens.

Et si, plutôt que de faire appel à McKinsey pour votre prochaine vision, vous recrutiez un WorldBuilder ?