Vous les rencontrez à chaque âge de la vie et ils laissent une impression durable.
D’une richesse intérieure constamment renouvelée. Ils rassemblent les éléments d’un puzzle lent dont ils sont les seuls à connaître la forme. Et les seuls à connaître la fin. Ils jouent des jeux infinis et non finis.
Authentiques et vulnérables, loin des miroirs aux alouettes de l’apparence. Ils sont dans l’intrinsèque. Leurs joies sont intrinsèques, leurs aspirations sont intrinsèques. Leur vie est intrinsèque.
Ils ne font pas de bruit et toujours, beaucoup moins que les gens courts.
Parce que ce sont des gens qui doutent, ils ont cette étrange compréhension d’eux-mêmes et des autres qui va au-delà des mots. Ils en ont gardé cet étrange sourire qui semble venir de si loin.
Curieusement ils ne subissent pas la vie. Ils la créent constamment. Leurs racines puisent profond. Ils ont des tâches qui semblent t-il dépassent une existence c’est pour cela que chaque fois que l’on en croise, l’impression persiste.
Ils savent trouver l’universel dans le spécifique. Tout d’un coup, à leur contact l’espace se densifie. On a croisé du temps. On en est resté marqué.
Mais rien n’est venu facilement aux gens longs. Bousculés par le vacarme et l’éphémère, ils ont surmonté leurs contradictions et leurs difficultés.
Car les gens longs créent un autre air autour d’eux. Avec eux la vie retrouve l’épaisseur qu’elle n’aurait jamais dû perdre. Leur profondeur de caractère fait l’élégance de leur esprit et cache leur âme incandescente.
Ils ont été les compagnons durables et discrets d’une vie. Une âme d’emprunt, souvent.
Parfois les gens longs meurent et créent une mémoire indélébile. La vérité est que les gens longs sont rares.
Mark Twain les appelait les faiseurs de terre après Dieu. Les gens longs ont élevé ma vie.
Son visage en lame de couteau n’avait pas d’âge. Il aurait pu avoir trente ans aussi bien que cinquante. Ses oreilles entendaient plus qu’on ne lui disait, et sa parole lente avait des nuances, non de pensée, mais de compréhension au-delà des pensées.
John Steinbeck