Effacer l’apocalypse : quand le Solarpunk invente de nouveaux narratifs - Umanz

Effacer l’apocalypse : quand le Solarpunk invente de nouveaux narratifs

Effacer l’apocalypse : quand le Solarpunk invente de nouveaux narratifs

« Quelqu’un a dit un jour qu’il est plus facile d’imaginer la fin du monde que d’imaginer la fin du capitalisme. Peut-être est-ce dû à un manque d’imagination.”

Fredric Jameson

Loin des inquiétants et très sombres futurs proposés par le Cyberpunk et le Steampunk, le Solar Punk propose une autre vision d’un futur renouvelable et régénératif.

On attribue généralement la naissance du SolarPunk à un article rédigé sur le blog Republic of the Bees en 2008 articulant une vision de futurs souhaitables et décarbonés, peuplés de Cargos à voiles et référençant une première source d’inspiration un livre de science-fiction de Norman Spinrad  “Songs from the stars” (sorti en France en 1980 sous le titre : « Le Chant des étoiles ») un monde dans lequel les énergies sont limitées à quatre grandes sources : l’eau, le soleil, le vent et…les muscles.

Un essai intitulé “Qu’est-ce que le Solar Punk ?”  propose la définition suivante :

“Un mouvement écofuturiste qui tente d’éviter les catastrophes en imaginant un avenir dans lequel la plupart des gens aimeraient vivre, plutôt qu’un futur que nous devrions essayer d’éviter. 

L’un des sites de référence du mouvement SolarPunk.net s’ouvre ainsi sur cette phrase :

“À la fois une vision de l’avenir, une provocation réfléchie et un mode de vie réalisable. En cours…” 

Parallèlement, un manifeste du SolarPunk  paru en 2014 se donne la mission suivante :

Notre avenir doit passer par la réutilisation et la création de nouvelles choses à partir de ce que nous avons déjà (en lieu et place du modernisme du 20e siècle « détruisez tout et construisez quelque chose de complètement différent »).

Ni Mad Max Ni Blade Runner

Loin des univers dévastés post-nucléaires, l’esthétique SolarPunk livre des visions inspirantes de villes-forêts, de fermes verticales et de transports écologiques et offre un story-telling et un imaginaire optimiste face aux impasses classiques des récits si difficiles à installer autour du dérèglement climatique.

Dans mon esprit, le Refuturing est lié au rewilding.

Le sentiment de créer de nouveaux futurs immédiats et de repeupler l’espace du futur avec quelque chose d’entièrement divorcé des futurs consensuels précédents.

Warren Ellis (Refuturing)

Dans les termes du spécialiste du Solar Punk, Jay Springett le Solar Punk constitue aussi une machine mimétique une construction culturelle.

Les Solar Punks puisent également leurs inspiration dans les mouvements du logiciel libre et l’éthique du Do-It-Yourself. Des inspirations qui s’incarnent dans l’injonction d’Andrew Dana Hudson : “Bouge et plante des choses.”

L’imaginaire en mode projet

Aujourd’hui on retrouve des expériences inspirées des univers Solarpunk dans les designs inspirants des architectes Stefano Boeri et Vincent Callebaut. 

Mais aussi dans des tatouages radicalement inspirés de la nature   le moodboard de @missolivialouise Solarpunk mood board et les romans d’anticipation de Claudie Arseneault https://claudiearseneault.com/.

Keisha Howard spécialiste des récits d’anticipation et des futurs spéculatifs sait que les plus grandes inventions trouvent leurs origines dans de grandes œuvres de fictions. Elle admet dans une Keynote TEDx que le SolarPunk reste résolument Punk car il rejette à la fois le Statu Quo et nos habitudes de consommation extractives.

 

Un mouvement de long-terme

Mais le Solar Punk n’est ni un naîf ni un optimiste béat. Il sait que le court terme et l’adaptation au changement climatique sera complexe et tragique. Il met cependant son imagination au service d’une meilleur futur car c’est un mouvement résolument orienté vers le long terme. 

“Il reconnaît que les humains ont un impact sur le monde. Mais défend une civilisation qui à la fois façonne le monde qui nous protège avec des mains de jardinier.

Notre monde moderne tente de nous orienter vers le court terme et la croissance trimestrielle. Mais dans le monde réel, loin des entrées de trading haute fréquence. Il faut 100 à 120 ans à un chêne pour passer de la graine à une hauteur de la canopée – soit trois générations humaines…

L’après 2150 est le moyen terme.” conclut Jay Springett.