Mon Business Model : le Monopole - Umanz

Mon Business Model : le Monopole

Le Monopole est l’un des axes majeurs de la stratégie de Peter Thiel, soutien de Trump et financier de la Silicon Valley. Pour l’iconoclaste co-fondateur de PayPal, premier investisseur de Facebook et VC renommé : « la compétition et le capitalisme sont à l’opposé »…Le monopole est la condition sine qua non de la réussite d’un business model.

C’est aussi la stratégie d’Uber, de Deliveroo, de WeWork mais aussi des méga-fonds de plus de 100 milliards de dollars, tel Softbank de Masayoshi Son , capable de supporter pendant des années, des continents et des centaines de procès une société disruptrice en quête de profitabilité…Le temps que ses concurrents traditionnels ou moins bien financés s’écroulent. Le tout, au prix d’une externalité négative sociale jamais pricée

Les ingrédients : l’hyperscale, la vitesse (le Move fast and break things de Zuckerberg) et les effets de réseaux pour une fois la taille critique atteinte, les concurrents détruits puis le marché gagné imposer ses prix, ses méthodes et accéder, souvent au bout de 10 ans de sprint au graal, ce “Hockey Stick” tant espéré : la phase monopolistique et exponentielle du business.

La terre brûlée sociétale

Mais derrière l’engouement des clients pour ses services souvent reconnus comme meilleurs ou plus efficaces que les offres traditionnelles se cache une méthode peu regardante pour les sociétés qu’elles transforment et les métiers qu’elles ruinent.

Car souvent elles n’affectent pas la concurrence, elles la tuent en quelque mois dans leur marche impérieuse vers “l’échelle”. Ce fameux “Scale”, assori à la phrase la plus prononcée dans les call de VC de Superfonds : “Agressive Global expansion”….

Dans ce jeu de vitesse et d’agressivité où on prend le marché comme on prend une ville, les baby-monopoles épuisent souvent leurs premières cohortes de salariés ainsi qu’une armée d’avocats adverses contraints de courir à armes inégales et avec un arsenal juridique antique après un adversaire plus rapide, mieux financé et juridiquement insaisissable.

Souvent pour durer dans ces sociétés il faut avoir l’âme d’un Panzer.

Le biais du survivant déguisé en stratégie

Tim O Reilly, observateur aigu de la Silicon Valley demeure très critique https://qz.com/1540608/the-problem-with-silicon-valleys-obsession-with-blitzscaling-growth/ de la stratégie de monopole qu’il considère comme “Le biais du survivant déguisée en stratégie”. Car, à ce stade seules 0,7% des sociétés financées par le capital risque sont devenues des Licornes.

Tout ne scale pas ! Tout le monde ne cherche pas à dominer le monde, à mettre son business “à l’échelle” et oui il est bon de rappeler dans les écoles de commerce ou ailleurs que la fin ne justifie pas les moyens. Que le bénéfice d’une société ne vaut pas la perte de la société tout entière.

Chéri, j’ai agrandi le Baby Monopole

La question vertigineuse demeure : si la stratégie du monopole n’est pas encadrée quel concurrent peut faire face à un Baby Monopole bénéficiant d’argent gratuit “at scale”. Qui se souvient qu’à l’époque, Google n’avait levé que 36 millions de dollars avant son IPO.

La première conséquence du business model du monopole et que souvent les concurrents eux même de ces licornes potentielles sont obligées de répondre avec les même moyens pour éviter l’obsolescence ou la disparition pur et simple. Dans la guerre que mène Uber pour la domination de la mobilité qui se souvient de ZimRide ou de l’idée de Sunil Paul futur fondateur de Sidecar.

“Si vous êtes premier vous êtes premier, si êtes deuxième vous n’êtes rien” disait le footballeur écossais Bill Shankly.

Dans ce nouveau monde personne ne se souvient du deuxième.

Il véhicule pourtant un risque encore impensé : le Baby Monopole doit-il devenir la norme ?

Patrick Kervern @pkervern