"Agency" : l'agentivité, une qualité pour le XXIème siècle - Umanz

« Agency » : l’agentivité, une qualité pour le XXIème siècle

« Agency » : l’agentivité, une qualité pour le XXIème siècle

A une époque où le VUCA (Vulnérabilité, Incertitude, Complexité et Ambiguïté) semble être la norme, une qualité émerge de nouveau et revient sur le devant de la scène : l’agentivité.

L’agentivité c’est tout simplement la capacité d’un être à agir sur soi ou le monde. L’agentivité c’est l’action intentionnelle, la capacité de l’humain à être un agent dans le monde. Ce terme qui nous vient du Canada est la traduction littérale du mot anglo-saxon Agency également évoqué par la philosophe américaine Judith Butler quand elle évoque la “puissance d’agir”. Thème central de l’œuvre  du psychologue Albert Bandura, l’agentivité serait ainsi au cœur du sentiment d’efficacité personnelle. Et, parce qu’elle peut être partagée et collective, c’est aussi une qualité rare et très prisée de leadership.

L’agentivité, boussole personnelle

En proposant une façon de reprendre le contrôle par l’action sur un monde insondable, L’agentivité redevient une ressource clé de l’efficacité personnelle et, le moyen de faire arriver les choses plutôt que les subir. 

Attention toutefois, l’agentivité ne s’impose pas et ne se décrète pas. L’agentivité est d’abord une intention. C’est une confiance intime dans sa capacité à influencer le futur. “« Si les gens ne pensent pas qu’ils peuvent produire les résultats qu’ils désirent

par leurs actions, ils ont peu de raisons pour agir ou persévérer en face des difficultés » précise Albert Bandura.

Développer son Agentivité

L’indécision, l’inaction et le sentiment d’impuissance sont les ennemis de l’agentivité. Construire et améliorer son agentivité implique ainsi plusieurs conditions de clarté, de volonté, de confiance et une capacité à accepter et surmonter l’incertitude. Pour Lawrence Becker, philosophe spécialiste des Stoïques, l’agentivité se situerait au carrefour de l’exercice des vertus. 

Les Docteurs Paul Napper et Anthony D.Rao, psychologues et auteurs d’un livre sur la question distinguent sept étapes clés pour développer l’agentivité :

  • Le contrôle des stimuli externes
  • La sélectivité des émotions et des relations
  • Le mouvement
  • L’apprentissage permanent
  • La gestion des croyances
  • Le contrôle de l’intuition
  • La maîtrise de la décision préalable à l’action

Maître de mon destin, capitaine de mon âme

L’agentivité est donc distincte du libre arbitre qu’elle enrichit de la notion d’action, d’indépendance et d’individualité. 

L’agentivité procure également un sentiment de contrôle, d’autonomie et de confiance sur l’environnement. Selon Bandura, l’agentivité est un choix organisationnel, intellectuel, psychologique et motivationnel 

In fine, l’agentivité est ce refus du destin, des circonstances qu’elles soient psychologiques et socio-économiques. C’est cet acte de volonté et de choix  que l’on retrouve dans les derniers vers d’Invictus :

Dans de cruelles circonstances

Je n’ai ni gémi ni pleuré

Meurtri par cette existence

Je suis debout, bien que blessé.

En ce lieu de colère et de pleurs

Se profile l’ombre de la Mort

Je ne sais ce que me réserve le sort

Mais je suis, et je resterai sans peur.

Aussi étroit soit le chemin

Nombreux, les châtiments infâmes

Je suis le maître de mon destin

Je suis le capitaine de mon âme.”

William Ernest Henley (Invictus)