Les anglo-saxons les appellent Commonplace Books. En France on les trouve parfois sous le nom de carnets d’inventions ou carnets d’inspirations. Les Commonplace Books sont une idée puissante, si puissante qu’elle se déporte aujourd’hui sur le digital sous des formes sans cesse renouvelées sur Google Docs, Roam Research ou Notion.so.
Un cabinet de curiosité dans ta poche
Ce sont en fait des cabinets de curiosité de poche. Un jour on y recueille une sensation rare, un autre une découverte inédite. Les Commonplace Books sont des capteurs de merveilles.
Mais la vraie magie des Commonplace Book se produit le jour étrange où l’on va les relire et faire émerger de nouvelles idées, comme un deuxième sens. Un sens proche du sur-sens Jungien.
On s’apercevra alors, que toutes ces années, on suivait le même fil, on tissait la même histoire. Les Commonplace Books relient et nous permettent de nous relier aux autres et au monde.
Des Stabilo Boss de l’âme
Car que disent les Commonplace Books de nous ? Ils articulent ce que nous essayons désespérément de ramener á la surface et d’agripper dans le monde. Ce sont des miroirs et des Stabilo Boss de l’âme.
Ils ressuscitent nos sentiments enfouis dans les idées des autres. En parlant des Commonplace books, Nicholson Baker confiait: « mes propres neurones hérissés de soucis se fondent dans le solvant puissant de la grammaire des autres. »
D’accessoires, ils deviennent vite indispensables. À l’image d’autres objets étranges destinés à nous sortir de la bouillie des jours, ce sont des talismans thérapeutiques.
Comme l’explique Tiago Forte, en ranimant la pratique des Commonplace Books, nous pouvons endiguer la pollution et l’avalanche informationnelle, pour la diriger avec douceur et patience vers l’intemporel et le privé.
Au début, on croit que les Commonplace books sont des carnets d’inspirations, ce sont en fait des carnets de conversations.
In fine, ces totems mémoriels nous permettent jour après jour d’être au monde et de rassembler patiemment des fragments de nous mêmes.