Les bébés, Pourquoi j'écris et 3 autres bouchées contemplatives…Et autres poudres de fées - Umanz

Les bébés, Pourquoi j’écris et 3 autres bouchées contemplatives…Et autres poudres de fées

Empêcher de me suffire

Tu es celle qui m’empêche de me suffire

« Tu es celle qui m’empêche de me suffire. J’ai une grande puissance de solitude. Je peux rester seul des jours, des semaines, des mois entiers. Somnolent, tranquille. Repu de moi-même comme un nouveau-né. C’est cette somnolence que tu es venue interrompre. C’est cette puissance que tu as renversée. Comment pourrai-je jamais t’en remercier ? On peut donner bien des choses à ceux que l’on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m’as donné le plus précieux de tout : le manque.»

Christian Bobin. La plus que vive.

Les bébés

Quand je reçus dans les bras ce fils qui venait de naître, j’eus une révélation qui m’électrisa. Moi qui jusqu’alors avais cru à l’existence des « bébés », je cessai sur-le-champ d’y croire. Cette minuscule créature que je contemplais les yeux écarquillés était une personne à part entière, crissante d’histoire et de mémoire et qui, de ses yeux couverts de pruine, fouillait l’opacité du jour à la rencontre de quelqu’un.

Christiane Singer, Les sept nuits de la reine (2002)

Pourquoi j’écris

« J’ignore pour qui j’écris, mais je sais pourquoi j’écris. J’écris pour me justifier. 

– Aux yeux de qui ? 

– Je vous l’ai déjà dit, je brave le ridicule de vous le redire. Aux yeux de l’enfant que je fus. » 

Bernanos.

L’enfance comme guide

« L’ enfance est une branche de la cartographie. »

Michael Chabon

Je me suis également permis de rajouter cette phrase unique car j’y ai trouvé une merveilleuse synchronicité avec cette phrase de Moby Dick qui me hante :

“Queequeg était natif de Rokovoko, une île très lointaine dans l’ouest et dans le sud.  Elle n’est portée sur aucune carte : les vrais lieux n’y figurent jamais. ”

Hermann Melville Moby Dick

La montée du soir selon Jerome K. Jerome

…Une grande paix nous entoure. Sous cette lumière, nos tracas quotidiens deviennent dérisoires, insignifiants le boire et le manger ! Las ! même les baisers n’ont plus d’importance ! Nous ne pouvons plus exprimer nos pensées; nous les laissons nous envahir et, immobiles, nous nous sentons bien au-dessus de notre vie de tous les jours.

Pendu à ces voiles noirs, le monde cesse d’être cette boutique sordide pour devenir un temple où l’homme se prosterne; et, parfois, dans l’obscurité, sa main tâtonnante vient effleurer celle de Dieu. 

Jerome K. Jerome (Pensées paresseuses d’un paresseux -1898)