Seuls ensemble. La réduction des familles et l’individualisation croissante des vies urbaines et digitales ouvre l’ère de la société solo. Une nouvelle société qui crée de nouveaux besoins et une nouvelle économie.
Comme beaucoup de phénomènes contemporains la solo culture trouve ses formes les plus extrêmes au Japon. Dans cette société fortement collective, il n’était pas rare que les personnes seules s’enferment dans les toilettes plutôt que d’être vues seules au déjeuner. Depuis quelques années, les bars “solos” comme les Karaokés “Solo only” ont fait leur apparition.
Un reportage de la BBC précise même que que la demande pour les cabines de Karaoké individuelles réprésentent désormais 30 à 40% des clients de Karaokés. Il y a d’ailleurs un terme pour cela “Ohitorisama” (littéralement : « une fête à un »).
Les nouveaux biens et services de la Solo Economy
Dans les pays occidentaux, où l’autonomie et l’individualisation sont de plus en plus revendiqués y compris dans les relations amoureuses – Emma Watson préfère ainsi se définir comme “Self-Partenered” (en couple avec elle-même) plutôt que célibataire – toute une Solo Economy assortie de nouveaux biens et services se met en place.
Les foyers à personnes uniques sont passés de 25% en 1995 à 35% en 2015. Récemment une étude d’Euromonitor a estimé qu’au niveau global les foyers solos augmenteraient de 128% entre 2000 et 2030.
Un phénomène qui ne touche pas que les jeunes. Les Solos de plus de 60 ans (divorcés ou veufs) devraient s’élever à 807 millions dans le monde en 2030.
D’ores et déjà, l’immobilier (les micro-appartements urbains, les maisons de retraites solo) , la restauration (les Cloud Kitchens), la technologie (les Robots sociaux), le divertissement (35% de la vidéo à la demande est consommée seul) ou les services digitaux (assistants personnels, plateformes de services domestiques, apps de dating ou d’amitiés thématiques, services financiers personnalisés) constituent les micro-services avancés de la Solo Economy. Ceci, sans compter, tous les nouveaux services BtoB à destinations des Freelances ou des “Solopreneurs” qui constituent les cohortes massives des professionnels solo.
En Chine, le single-day, célébration de shopping festif anti Saint-Valentin a généré 38,4 milliards de dollars en une seule journée en 2019.
Eric Klinenberg, Sociologue à La New York University et observateur attentif de la Solo Economy qui s’est penché sur la montée en puissance des “Singletons” précise que cette nouvelle génération a dépassé l’image sociale et les stéréotypes attachés au célibat.
Il estime ainsi que sur le seul territoire américain, les “Consommateurs Solo” représentent un pouvoir d’achat de 1300 milliards de dollars.