Pitié pour la nation dont les habitants sont des moutons
Et dont les bergers font fausse route
Pitié pour la nation dont les dirigeants sont des menteurs
Dont les sages sont réduits au silence
Et où les bigots hantent les ondes
Pitié pour la nation qui n’élève pas la voix
Sauf pour louer les conquérants
Et acclamer les brutes comme des héros
Et qui souhaite diriger le monde
Par la force et la torture
Pitié pour la nation qui ne connaît
Aucune autre langue que la sienne
Et aucune autre culture que la sienne
Pitié pour la nation
Dont le souffle est l’argent
Et qui dort du sommeil de ceux qui ont trop bien mangé
Pitié pour la nation Oh pitié pour le peuple
Qui laisse ses droits s’éroder
Et ses libertés s’effacer
Lawrence Ferlinghetti