12 leçons de carrière par Rishad Tobaccowala - Umanz

12 leçons de carrière par Rishad Tobaccowala

Il y a des conseils de carrière qui sont de véritables leçons de vie.

Il y a 5 ans Rishad Tobaccowala publiait en Anglais ses 12 conseils et leçons de carrière. Un texte rapidement devenu culte qu’il a récemment mis à jour. 

Il a autorisé Umanz à en publier la traduction en Français, qu’il en soit infiniment remercié.

 

Les premières années

1- Trouvez l’emploi le moins nul possible : Au début de votre carrière, vos premières missions, qui sont celles d’un débutant, seront pleines de corvées car vous serez au plus bas de la hiérarchie et vous vous verrez assigner des tâches que personne ne veut faire.

Ne vous faites aucune illusion sur la chance -au cours de vos premières années- de trouver « votre mission », « votre passion » ou « votre identité ». Non. Vous avez trouvé un emploi dans un environnement compétitif et vous apprendrez de précieuses leçons en y allant même si vous n’avez pas envie de venir au travail pour faire des choses « indignes de vous » : parmi lesquelles, comment gérer un éventail de personnages et de personnalités, comment présenter et écrire, et ce que l’on ressent quand on est dirigé.

Ces compétences élémentaires s’avéreront essentielles dans la mesure où les aptitudes à la communication, l’empathie et la discipline vous mèneront loin et seront vos amies pour toujours, même si vous changez constamment de secteur d’activité ou si le monde change autour de vous.

Les attentes irréalistes doivent être gérées dans ces premières années, sinon vous serez considéré comme fanfaron morveux qui a besoin d’être remis en place.

Et aujourd’hui, alors qu’il est encore plus difficile d’atterrir dans une entreprise – et encore moins dans un emploi à temps plein – je vous conseille de saisir l’occasion qui se présente et de la mettre à profit.

2- La tendance est votre amie : Si vous avez la chance de pouvoir choisir entre plusieurs jobs ou de trouver une demande pour vos compétences qui vous permette de choisir entre plusieurs opportunités dans une entreprise, ne choisissez pas le job le mieux payé mais celui qui est le plus aligné sur le futur. Shakespeare a écrit « nous devons prendre le courant quand il sert. Ou perdre nos entreprises », ce qui, dans le langage moderne, signifie « suis le courant, mon ami ». 

La majorité des réussites professionnelles doivent être alignées sur les tendances et les industries émergentes et même les acteurs médiocres peuvent réussir dans un courant inéluctable. Se caler sur une tendance et surtout s’aligner tôt est essentiel car non seulement la force sera avec vous, mais vos compétences seront demandées au fur et à mesure que le secteur se développera et si vous avez rejoint le secteur tôt, vous serez expérimenté et deviendrez reconnu dans le domaine.

3- Planifiez et prenez des décisions sur un horizon long : Aujourd’hui, les personnes qui sortent de l’école et qui sont en début de carrière travailleront pendant près de 50 ans. L’espérance de vie s’élevant à 85 ans, la sécurité sociale étant sans cesse réduite et la santé se maintenant jusqu’à 70 ans, il est peu probable que vous soyez allongé sur une plage au milieu de la cinquantaine. Tout au plus vers le milieu de la soixantaine ou plus tard. Et même si vous ne devez pas travailler pour des raisons financières, vous le ferez pour des raisons de sens, de connexion et de liens. Aussi, ne prenez pas de décisions relatives à votre emploi ou à votre carrière avec un horizon de trois à cinq mois, mais de trois à cinq ans. Ne changez pas d’emploi uniquement pour des raisons financières, sauf si vous êtes soumis à un stress économique extrême. Essayez de donner à chaque entreprise, mission ou aventure au moins trois ans et, s’il s’agit d’un secteur ou d’une entreprise, au moins cinq ans. Votre prise de décision sera meilleure, vos compétences seront plus mûres et vous mettrez les révolutions quotidiennes et hebdomadaires en perspective.

4- Même les meilleurs emplois ne sont agréables que soixante-dix pour cent du temps : Si vous avez un bon travail, vous vous demanderez trois jours sur dix ce que vous faites, pourquoi vous le faites et si vous êtes bon.

Il y a trois raisons à cela. Premièrement, reconnaissez que vous êtes payé pour ce que vous faites et que plus on vous paye, plus le travail est difficile et plus vous devez faire face à des problèmes et des difficultés. Souvent, les défis, les situations ou les personnes que vous devez affronter vous obligent à vous endurcir volontairement.

Ensuite, si vous avez un bon travail, il vous fait grandir et vous lance parfois des défis qui vous obligent à vous muscler et à faire de nouvelles choses. Apprendre n’est jamais facile et si vous grandissez, il y aura des jours où la douleur sera le signe que vous n’aimez pas votre travail alors même que vous serez en train d’acquérir de nouvelles compétences. Les meilleurs emplois sont un flux combiné de compétence et de défis et parfois le défi peut être assez intimidant. 

Enfin, nous vivons tous une époque de grands changements, de chaos et de vitesse, qui est remplie d’incertitudes. Les industries les plus pertinentes et les plus transformatrices sont dans l’œil du cyclone, ce qui peut donner l’impression qu’une journée de travail est comme une journée passée en mode essorage à pleine vitesse. Et, avec les défis sanitaires, économiques et sociaux d’aujourd’hui, on rêve souvent d‘un bouton de pause ou de rembobiner.

 

5- Soyez en concurrence avec vous-même plutôt qu’avec les autres : L’astuce consiste à ne pas essayer de faire mieux que tout le monde, ce qui n’est ni possible ni réalisable à long terme ni avec tous ces spécialistes de l’évaluation. Il s’agit plutôt d’être meilleur chaque jour que ce que vous étiez hier. L’amélioration perpétuelle en apprenant de ceux que vous admirez et que vous respectez ou de l’expertise que vous appréciez est non seulement satisfaisante, mais aussi contrôlable, sans politique mesquine ou sans pour autant pisser sur les personnes avec lesquelles vous devrez travailler.

Bizarrement, c’est bien plus ardu que la rivalité externe car vous pouvez gagner à l’extérieur souvent par le biais de pipeaux et de tours de passe-passe, en revanche vous ne pouvez vous tromper vous même. Améliorez-vous, car là est la récompense.

L’objectif est de croître. Une croissance de vos compétences tant mentales qu’émotionnelles. Faire un peu mieux chaque jour ou chaque semaine, génère, comme l’intérêt, des rendements étonnants, en particulier dans la seconde partie de votre carrière. Développez votre capacité à prendre des décisions, à comprendre et à sympathiser avec les autres, à rester résistant et à trouver des moyens de rebondir après une mauvaise passe au travail. Les mauvaises choses arrivent à tout le monde. La clé est de savoir comment les transformer en carburant pour rebondir. Apprenez l’auto-réparation. Pratiquez la résurrection.

 

6- Planifiez votre carrière comme si vous étiez une entreprise unique.

Si vous travaillez pour une entreprise, considérez-vous comme un chauffeur Uber mieux payé et bénéficiant d’avantages sociaux, . Si votre expertise est nécessaire à ce moment-là ou sur un marché et un lieu particuliers, et si votre collaboration et votre capacité à travailler en équipe sont très appréciées, vous serez très demandé. Sinon, comme les entreprises gèrent et contrôlent les coûts et trouvent de plus en plus de moyens de se brancher en permanence sur des ressources externes, vous vous retrouverez en parking permanent.

La troisième ère connectée dans laquelle nous vivons qui est celle du cloud computing, de la 5g, du machine Learning  et de la mort de la distance offre des opportunités mais augmente également la compétition.

Pensez aussi au modèle hollywoodien, les compétences s’assemblent autour de projets de télévision ou de cinéma, puis les gens se séparent et passent à autre chose. Très peu de gens travaillent dans un studio. La plupart des gens travaillent en équipe où ils apportent leurs compétences, qu’il s’agisse de casting, de réalisation, de restauration ou de maquillage, etc. L’avenir du business sera similaire, car les entreprises commenceront à ré-agréger les expertises autour de projets plutôt que d’avoir des hordes de généralistes en attente de mission. McKinsey et Bain ont fait cela pendant des années.

Je ne veux pas dire par là que tout le monde sera un freelance rebondissant de missions en missions, mais si vous bâtissez votre carrière dans un esprit de perfectionnement continu d’expertise, de travail en équipe et de flexibilité, vous réussirez dans une entreprise de dizaines de milliers de personnes, au lieu de vous considérer comme un rouage d’une grande machine qui attend que quelqu’un s’occupe de lui ou lui construise une carrière.

A mi-carrière

7- La personne pour laquelle vous travaillez est essentielle, alors choisissez bien votre boss :  Passé la première décennie de votre carrière, une fois que vous avez acquis des compétences essentielles – notamment sur la façon d’apprendre en continu- de vous bâtir une réputation précoce et, si vous avez de la chance, en vous alignant sur une tendance porteuse, la clé du succès consiste à trouver et à garder le bon boss.

Au cours des dix ou vingt prochaines années, votre employeur sera le facteur déterminant de votre réussite, plus que toute autre chose. Les années intermédiaires consistent en fait à se voir offrir de nouvelles possibilités d’apprendre et de s’épanouir, et à se lier à quelqu’un en ascension et qui sera le mentor de votre propre développement. Un bon qui réussit augmente son périmètre et vous offre ainsi de nouvelles possibilités, mais veille également à assurer vos arrières tout en étant très franc et direct avec vous. Il vous challenge, mais vous couvre si nécessaire. Trouvez un ou plusieurs d’entre eux et agrippez vous. Cela fait toute la différence, et tout dirigeant qui a du succès a eu la chance d’avoir un mentor qui l’a challengé tout en veillant sur lui.

 

8- Trouvez votre place : Au milieu de votre carrière, vous devriez commencer à vous spécialiser. Vous savez maintenant ce que vous aimez et ce qui vous passionne. Vous savez également où vous avez un avantage comparatif. Et vous pouvez voir où il y a des opportunités, ce qui est en hausse et ce qui décline. Adaptez continuellement votre travail et trouvez des moyens de commencer à faire de plus en plus de choses à l’intersection de la passion, des avantages comparatifs et de ce que le marché demande. 

Aujourd’hui, plus que jamais, ce sont les experts qui aiment leur travail qui sont les plus heureux et les plus performants.

Cessez de penser que tout le monde peut ou doit être CEO. Pour beaucoup de gens, le métier de CEO n’a aucun sens. Arrêtez de faire et de poursuivre des choses juste parce que d’autres personnes pensent que ce sont des emplois cool. Arrêtez de vivre dans l’esprit des autres et commencez à vivre dans votre propre vie. C’est là que votre autonomie, vos buts et votre maîtrise se rejoignent, et c’est là que vous vous adaptez à votre rôle et que votre rôle vous convient. Poursuivre les plus hauts échelons, le plus gros salaires et la plus grande reconnaissance extérieure peut vous conduire à suivre la mauvaise étoile. Tant de gens se privent de leurs rêves et ne reconnaissent pas que le plan B était le vrai plan.

9- Construisez votre marque : Alors que vous arrivez au dernier tiers de votre carrière, il est très important d’y entrer avec une excellente réputation. Comme l’a dit Jeff Bezos, votre marque est ce qu’on dit de vous lorsque vous n’êtes pas dans la pièce. En plus d’être généreux et de travailler avec intégrité, ce qui est la clé du succès d’une marque, il est important d’être bien positionné sur une niche (dans quel domaine excellez vous ou quelle est votre expertise particulière ?), d’avoir une voix distincte et claire (qui êtes-vous et que représentez-vous) et d’avoir une histoire (pourquoi les gens devraient-ils vous croire ?). Vous trouverez ici un exercice sur la façon de construire sa marque personnelle.

Votre CV n’est pas ce qu’on trouve sur votre disque dur ou sur LinkedIn. C’est plutôt, en grande partie, votre présence sur le web, en particulier la première page que les gens voient sur Google lorsqu’ils vous recherchent. Allez la consulter dès aujourd’hui. Allez voir les news. Allez voir des photos. Allez voir des vidéos. C’est vous, dans un avenir plus distribué et digital.

Pour vous aider à créer une meilleure présence, pensez à être actif sur Twitter et LinkedIn, développez un site web (en utilisant Square Space ou un autre service), pensez à écrire un blog sur une passion ou un hobby ou même à lancer une newsletter.

Les dernières années

10- Désapprendre. Transformer. Réinvestir : Après trois décennies de travail il reste encore une ou deux décennies de carrière et c’est là que les choses peuvent devenir vraiment dangereuses ou vous combler.

Si vous avez réussi, vous risquez une chute car – sans que vous le sachiez – l’industrie dans laquelle vous avez grandi est en train de se transformer et il existe de nouvelles technologies et approches qui rendent obsolètes ce que vous avez appris et, juste au moment où vous pensez être arrivé, vous devez désapprendre ce qui a fait votre succès.  Vous devez maintenant commencer à apprendre, à changer et à faire des erreurs que vous pensiez ne plus avoir à faire depuis longtemps, puisque vous êtes maintenant un leader et plus un débutant. Vous êtes trop cool et trop vieux pour vous ridiculiser, mais en réalité si vous ne voulez pas devenir aussi inutile que vous le craignez en privé, vous devrez changer. 

Maintenant, ce discours sur le « changement est ton ami » que vous avez asséné à vos équipes doit s’appliquer à vous-même. C’est là que vous commencez à réaliser que le changement craint en fait, puisque vous devez apprendre, trébucher et grandir à nouveau.

Les personnes qui ont vraiment réussi dans le dernier tiers de leur carrière sont redevenues des étudiants et des apprenants. S’ils ont construit une marque et ont travaillé avec intégrité et aidé les autres en cours de route, un essaim de personnes vient à leu secours pour les aider à s’adapter. Ils font du reverse-mentoring, vous construisent un trampoline et s’assurent que vous n’échouiez pas puisqu’ils se souviennent des jours où vous les avez aidés. Tôt ou tard, vous récoltez les graines que vous avez plantées et le Karma est une réalité.

Pour beaucoup de gens, les dernières années au sein d’une entreprise ou même en dehors sont souvent les meilleures, car ils ont la maîtrise et de moins en moins de contraintes. À ce stade, les meilleurs deviennent des artistes. Pensez au regretté Monet avec ses Nénuphars qui sont un jeu sur la lumière et l’eau que seul un maître pouvait réaliser, ou aux derniers Quatuors à cordes de Beethoven ou à tout ce qu’a réalisé un Picasso plus tardif.

11- Les sorties sont aussi importantes que les débuts en matière de gestion de carrière : De nombreux ouvrages sur les carrières mettent l’accent sur les débuts percutants. Il existe une mentalité des « premiers 100 jours ». Il existe de nombreuses perspectives sur la façon de s’intégrer et de s’imposer dans la nouvelle organisation que vous rejoignez. Mais on n’insiste pas assez sur le fait que qu’une carrière de plusieurs décennies comprend de nombreuses sorties. Certaines nous sont imposées (peu ou pas du tout, espérons-le) et d’autres le sont de notre propre initiative. Les départs qui marquent la fin d’une bonne carrière sont particulièrement difficiles.

Il y a quelques années, une personne qui avait beaucoup de succès a dit : « Toute carrière a une sonnerie de fin. Les gens intelligents partent à cinq ou douze heures ». Mais rares sont ceux qui le font. Les gens restent plus longtemps que prévu et la fin est « répugnante ». Ces fins gâchent la récolte et ternissent un parcours par ailleurs formidable. L’astuce consiste à partir alors quand on est encore  impatients de vous voir et que vos compétences sont toujours aussi pointues.

12- Construisez votre carrière comme un portefeuille et remboursez de manière agressive : Toute personne qui réussit, en plus de travailler dur et de jouer un jeu de long terme, a été immensément aidée par d’autres personnes et a eu la chance. Elle a reçu de la chance. Il est alors temps de rendre ces chances.

Les 10 dernières années, en gardant à l’esprit que vous devez quitter votre emploi selon vos possibilités, il sera temps de construire une carrière qui s’étend d’un emploi à un autre qui comprend un travail, du conseil, des conseils et la capacité de rendre à la société. Tôt ou tard, l’emploi trouvera son terme, mais un travail significatif et utile se poursuivra. Les personnes plus âgées qui réussissent finissent par devenir consultants et jouent un rôle de mentor au sein de conseils d’administration. Elles commencent à enseigner et à aider des organisations à but non lucratif. 

Les personnes qui ont le mieux achevé leur œuvre ont initié ces voies alternatives au cours de leur dernière décennie de travail en faisant du bénévolat, en donnant des cours, en encadrant et en conseillant des personnes plus jeunes. De cette façon, ils ont un chemin à suivre lorsque leur emploi à temps plein prend fin et, parce qu’ils le font, ils passent avec élégance à une nouvelle phase.


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