Un dirigeant d’entreprise passe au moins les trois quarts de son temps à penser et à écouter. Il passe une faible partie de son temps à parler et encore moins à écrire. Pourtant, l’instruction que nous recevons dans ces domaines essentiels est inversement proportionnelle à ce qui est requis pour être un bon patron. En fait, ces capacités sont essentielles dans tous les domaines. Beaucoup de gens imaginent que l’écoute est une interaction passive. C’est précisément le contraire. Bien écouter, c’est exercer activement notre attention, et c’est un véritable travail. C’est parce qu’ils ne s’en rendent pas compte ou ne souhaitent pas faire ce travail que la plupart des gens ne savent pas écouter. Lorsque nous faisons l’effort de communiquer et d’écouter en surmontant l’inertie de notre paresse ou la résistance de la peur, nous progressons d’un pas. Cela représente toujours un effort pénible. Savoir écouter, se concentrer totalement sur quelqu’un d’autre, est une manifestation d’amour au sens le plus large du terme. Un aspect essentiel de l’écoute est la mise entre parenthèses temporaire de nos préjugés, de nos références et de nos désirs afin de pouvoir expérimenter de la manière la plus profonde possible, de l’intérieur, le monde de l’autre, en se mettant à sa place. Cette union du locuteur et de l’auditeur est en fait une extension de nous-mêmes, et elle nous apprend toujours des choses nouvelles. En outre, puisque écouter c’est savoir mettre entre parenthèses, cela implique une acceptation provisoire totale de l’autre.
Scott Peck “Sur le chemin le moins fréquenté”