En 1924, lors d’un voyage le célèbre Psychanalyste Carl Jung rencontre un chef Indien Hopi nommé Ochwiay Biano ou “Lac des montagnes”. Une rencontre surprenante et inspirante qui changea le cours de sa vie :
« Mon voyage …me conduisit … chez les indiens du Nouveau-Mexique, les Pueblos…… »
C’est là que j’eus pour la première fois la chance de parler à un non Européen, c’est-à-dire à un homme qui n’était pas de race blanche. Il était le chef des Taos Pueblos, homme intelligent de quarante à cinquante ans. Il s’appelait Ochwiay Biano – lac des montagnes. Je pus lui parler comme j’avais rarement parlé à un Européen.
« Vois, disait Ochwiay Biano, comme les blancs ont l’air cruels. Leurs lèvres sont minces, leurs nez pointus, leurs visages sont sillonnés de rides et déformés, leurs yeux ont un regard fixe, ils cherchent toujours. Que cherchent-ils ? Les blancs désirent toujours quelque chose, ils sont toujours inquiets, ne connaissent point le repos. Nous ne savons pas ce qu’ils veulent. Nous ne les comprenons pas, nous croyons qu’ils sont fous ! »
Je lui demandai pourquoi donc il pensait que les Blancs étaient tous fous.
Il me rétorqua : « Ils disent qu’ils pensent avec leurs têtes ».
– Mais naturellement ! Avec quoi donc penses-tu ? demandai-je étonné.
– « Nous pensons ici », dit-il en indiquant son cœur.
Je tombai dans une profonde réflexion. Pour la première fois de ma vie, me sembla-t-il, quelqu’un m’avait donné une image du véritable homme blanc.
C’était comme si, jusqu’alors, je n’avais perçu que des reproductions colorées, sentimentalement enjolivées. Cet Indien avait trouvé notre point vulnérable et mis le doigt sur ce à quoi nous sommes aveugles.
Extrait de “Ma Vie” par Carl Gustav Jung