Changer l’économie, c’est possible.
Kate Raworth, économiste chevronnée aux Nations Unies a réuni 80 groupes d’études sur l’ensemble de la planète et propose dans Dougnuts Economics, l’idée d’une économie durable, respectueuse de l’environnement et de la société. Un modèle qui séduit de plus en plus de pays et de régions.
A travers “Dougnuts Economics” elle offre de nouvelles mesures et aussi un cadre innovant de pensée et d’action, vivant et régénératif.
Umanz a sélectionné 5 points à retenir :
Un cadre multidimensionnel pour les challenges du XXIème siècle
Stabilité financière, énergie renouvelable, sécurité alimentaire, Nos mesures façonnent notre façon de pensée, il faut adopter de nouvelles métriques prenant en compte l’aspect systémique de nos économies et de nos comportements. Sait-on par exemple que la valeur de la pollinisation des insectes se porte à 160 milliards de dollars par an, que le travail des mères à domicile a une puissante valeur encore méconnue pour l’économie (un paradoxe quand on sait qu’Adam Smith, le père de l’économie libérale a été nourri par sa mère toute sa vie…). Aux Etats-Unis, si les “stay at home mums” étaient payées à l’heure, leur salaire moyen dépasserait les 120.000 dollars par an.
Un changement vital est nécessaire au moment où 40 %des sols agricoles mondiaux sont dégradés qu’on sait déjà qu’en 2025 : deux personnes sur trois vivront dans des régions soumises à de forts stress hydriques…Que 80% des pêcheries sont surexploitées…Que 10% des émetteurs produisent 45% des émissions énergétiques…Que 3% des ressources alimentaires suffiraient à vaincre la malnutrition mais que 30 à 50% de la nourriture est chaque année perdue ou jetée… Que seuls 6% des 160 millions de téléphones portables vendus chaque année dans l’UE sont ré-utilisés et seulement 9% recyclés…
Mais qu’au même moment…5 milliards de personnes rejoindront le rang des classes moyennes en 2030.
Penser comme des économistes du XXIème siècle
Pour cela il faut adopter un nouvel état d’esprit sortir de nos livres d’économies – qui n’ont pas changé depuis 1950- et sont eux-mêmes enracinés dans des théories souvent fausses ou caricaturales datant de 1850.
Les livres économiques de Paul Samuelson enseignés aujourd’hui ont été publiés en 1948, il y avait alors 3 milliards de personnes sur terre pour une économie 10 fois plus petite…
Il faut aussi retrouver aussi le sens du long-terme, reconnaître l’être humain comme un être social, interdépendant et dépendant lui même de ressources naturelles qui se raréfient. Actuellement il faudrait quatre planètes pour rejoindre les standards de vie d’un Suédois.
Un nouveau design économique
Qu’est-ce qui permet à l’homme de s’épanouir et de prospérer ? L’économie du doughnut en action est, par design, redistributive, régénératrice. Elle conçoit l’homme et son environnement comme un super organisme
Elle invite à sortir de l’étroitesse théorique d’un PNB qui ne reflète plus le monde tel qu’il est. Articuler des raison d’êtres économiques plus puissantes autour de la richesse de la vie humaine. Son but : établir un équilibre dynamique et un espace sain d’action pour l’activité humaine dans des limites respectueuses de l’environnement et de la biodiversité. Revaloriser les communs et, in fine, harmoniser les choix du bien vivre avec la préservation des écosystèmes.
Comme le rappelle John Fullerton, ancien Président de JP Morgan on ne peut pas avoir “une fonction exponentielle sur un système fini”.
Au delà de l’Homo Economicus
Et si L’homo Economicus, égoïste, sans affect, une calculatrice à la place du cerveau était une caricature, une mauvaise prophétie auto-réalisatrice ? Plusieurs études citées dans le livre dressent le paysage d’une humanité beaucoup plus sociale et adepte de réciprocité.
Il faut se souvenir que nous jouons différents rôles “économiques” tout au long de nos vies: nous sommes tour à tour citoyens, travailleurs, consommateurs, entrepreneurs, usagers, parents, épargnants. Autant de rôle souvent interdépendants et ouverts à la réciprocité.
Et si l’Homo economicus était un fake ? L’Homo Sapiens explique Kate Raworth est contrairement a beaucoup d’idée reçue la plus coopérative des espèces bien avant les fourmi, les hyènes (si si) et les taupes. Il constitue un atout de poids pour sortir de l’économie linéaire et dégénérative.
Penser la complexité : vers une économie régénérative
Nous vivons dans des systèmes complexes et il faut sortir des schémas binaires, s’ouvrir à la pensée complexe qui seule permettra d’inverser les tendances à l’oeuvre et favoriser des boucles de rétroactions positives dans l’économie. L’urgence est là. Contrairement à la crise bancaire, le dérèglement climatique ne peut pas faire l’objet d’un sauvetage financier de dernière minute.
Malgré l’urgence, le passage à une économie du XXIème siècle réclame prudence et humilité et une vision politique plus organique et moins mécaniste. Les solutions existent pour construire une nouvelle économie distributive fondée sur une répartition moins inégalitaire des valeurs matérielles, énergétiques et financières (cf. Les expériences de Time Banking à ST Gallen en Suisse, la tarification différenciée pour l’accès à l’eau en Afrique du Sud, Le Japon qui recycle aujourd’hui 98% de ses métaux, ou encore l’Evergreen Direct Investing ).
Il ne faut pas non plus oublier que la valeur produite par les 300 plus grandes coopératives mondiales en font la 7ème économie de la planète.
Le message du livre reste positif et les solutions au niveau des entreprises comme au niveau des états et des villes existent, de nombreux pays en voie de développement et économies développées sont en train de les mettre en oeuvre. Elles portent le germe et l’espoir d’une meilleure gouvernance globale.
Comme l’explique Kate Raworth notre économie était “divisive et dégénérative par défaut. Celle de demain doit être distributive et régénérative par design”.