Comment négocier en couple, les changements de vie, les évolutions et accidents de carrière, les bifurcations, l’éducation des enfants, la crise de la quarantaine ou du quart de vie, les choix géographiques ou personnels et leurs contradictions ?
Souvent le couple se fracasse sur les choix personnels et les choix de carrières.
Dans son dernier livre, “Couple that works” Jenniffer Petriglieri professeur à l’Insead a interrogé plus de 100 couples à double revenus et isolé trois règles fondamentales :
Les valeurs pas l’agenda
La première est que la véritable conversation à l’heure des choix ne doit pas se concentrer uniquement sur le quotidien : qui fait les courses ? Qui fait les devoir des enfants ? Qui les amène à l’école ? Mais avant tout, sur les valeurs que le couple souhaite exprimer. Souvent, il s’avère dans les dynamiques de carrière et de couple que rien n’est réglé quand le quotidien est réglé,
“Quand le quotidien est réglé, rien n’est réglé”
Car les valeurs évoluent avec les âges de la vie et souvent l’incompréhension dans les changements de carrière se fait à la suite de valeurs divergentes sur des valeurs telles que la richesse matérielle, le temps ou l’expression de la créativité personnelle. Par ailleurs la carrière est devenue une source majeure de la constitution de l’identité.
Il appartient donc, souligne Jennifer Petriglieri de réajuster ses croyances de couple à l’aune des aspirations de chaque partenaire et d’avoir une conversation honnête – et souvent surprenante- sur la philosophie de vie, les valeurs, les liens et les limites de chacun des membres du couple afin de fonder un nouveau contrat. Dans le couple du XXIème siècle, les rôles et les identités ne sont jamais statiques.
Dans ce cadre il est impératif de comprendre les priorités de chacun en matière de pouvoir, de contrôle, de présence, d’éducation, d’espoirs, d’aspiration, d’ambition, d’échecs et de perte.
Or, dans les faits, peu de couples revisitent les hypothèses de départ…
La Zone de sécurité
Autre règle importante des carrières harmonieuses en couple : la capacité négociée de chacun des membres de fournir pendant un temps déterminé une zone de sécurité à l’un des membres du couple en passe de faire un choix risqué comme celui de s’installer dans une nouvelle ville, changer de métiers ou monter une entreprise. Idéalement elle doit être réciproque, chacun doit être capable de négocier une zone de sécurité “rassurante” pour l’autre partie : “Tu peux monter ta boite, mais tu es responsable des devoirs des enfants”. Les “supports asymétriques” doivent être négociés pour que chacun y trouve son compte.
La gestion des déséquilibres et les 3 transitions
Car la vérité du livre et des expériences rapportées est qu’aucune “double carrière” n’est équilibrée dans les faits. L’équilibre est dans le déséquilibre permanent. Veillez attentivement aux trois transitions inévitables : celle des premiers déséquilibres économiques, celui de la crise de milieu de vie (qui est aussi une crise d’individuation) et celle du départ des enfants (avec souvent deux ou trois décennies de travail derrière). Autant de phases délicates qui questionnent à la fois le couple et les choix de vie.
Le choix à ne pas faire : privilégier les choix et les désirs de celui qui fait le plus d’argent. Il faudra être particulièrement attentif pendant les phases où le couple passe d’indépendant (chacun gagne bien sa vie) à inter-dépendant (l’une des partie va exercer un choix impactant fortement le conjoint). Les carrières strictement parallèles sont souvent un mythe et certaines identités “statutaires” de couple peuvent devenir une prison.
Encore une raison supplémentaire de revenir aux valeurs, à ce qui est essentiel à deux, à l’identité de couple que vous souhaitez porter, afficher et défendre à 20, 30, 40, 50 ans et au delà.