Après 10 ans dans de grosses boites, j’avais envie de partager cet étrange constat dans lequel je m’inclus : “la plupart des gens ne travaillent pas ils sont occupés”.
A 90% je suis un occupé.
Mais à quoi ressemble l’occupé ?
L’occupé occupe une fonction qui rejoint la définition du bullshit job de David Graeber “Une forme d’emploi rémunéré sans objet et nécessité si pernicieux que l’employé lui même a du mal à en justifier l’existence”
En tant que “maître des tâches” je sais allouer et faire ruisseler les micro-projets. Je le fais avec un vocabulaire soigneusement jargonneux incorporant la novlangue des dernières innovations des conseils en stratégie. En répartissant les micro tâches dans toute l’organisation j’organise cette gigantesque simulation d’activité à laquelle doit ressembler, mon étage, mon bureau, mon département, mon immeuble..
Profession : occupé !
Je m’invite ou j’organise autant de réunions et de conférence calls possibles pour justifier mon existence. Mon coup de maître en 10 ans : avoir créé ex-nihilo une nouvelle fonction qui est devenu un département de “monitoring” par la suite étendu à toute l’entreprise.
Croyez moi, mesurer sans faire est devenu un accélérateur de carrière beaucoup plus fiable et moins risqué que produire du résultat…
Dans les grandes sociétés il y a une nouvelle race de personnes qui créent de l’indifférence sans faire de différence. Elle n’a de cesse de quantifier l’inquantifiable et de tout faire rentrer dans excel. Inventer le nième dashboard que personne ne lira ou n’ analysera dans son intégralité. Je suis un surveillant supérieur.
Si le sens, l’immesurable, le non monetisable ne rentre pas dans ma feuille excel je l’élimine.
Je suis un occupé 3.0