Qu’est-ce que le Status Safeguarding ? C’est un étrange phénomène mis à jour par Melissa Milkie, une sociologue Canadienne. Il traduit “ le travail vigilant des mères pour arranger le parcours de leur enfant vers le plus haut statut social et économique afin de de leur ménager un filet de sécurité individualisé.”
Le Status Safeguarding que l’on pourrait traduire par la sécurisation du statut semble ces dernières années devenu un dérivé de plus en plus visible de l’helicopter parenting (lire nos enfants ne sont pas des startups voire de sa dégradation sublimée, il y a quelques années, chez les Parents Chasse Neige (SnowPlough Parents).
Du premier de la classe au premier de la place de marché
Concrètement, le Status Safeguarding s’exprime de manière de plus en plus visible chez les mères vivant par procuration “l’insertion de leur enfant sur les places de marché d’aujourd’hui.”
Selon Melissa Milkie, le Status Safeguarding serait un dérivé toxique de l’idée reçue que les mères savent instinctivement ce qui est le mieux pour leur enfant. Un sorte de croisement hybride entre l’Intensive Mothering décrit par Sharon Hays dans les années 90 et de la course du rat reproductive au sens de Bourdieu.
Ses conséquences : une vision millimétrée et intensive des journées scolaires et relationnelles de leurs enfants en adjoignant au père le rôle de complice.
Dans ses formes extrêmes, l’acte même de Status Safeguarding performatif détourne les mères d’un investissement assidu dans leurs propres carrières.
Les mères angoissées par le Satus Safeguarding vont alors procéder à une customisation intense du monde enfantin de leur progéniture avec une vigilance d’autant plus féroce que l’environnement économique est précaire…Un exercice périlleux et à haute charge émotionnelle et mentale étant donné l’incertitude des résultats.
L’enfant : de produit d’épargne à produit spéculatif
Prises dans le tourbillon du Status Safeguarding, les mères posent des options sur des enfants qui deviennent ainsi un produit hautement spéculatif à hedger. Et ce “travail urgent, sacrificiel, protecteur” de reproduction sociale finit souvent par se crasher sur l’injonction capitaliste de la poursuite de carrière au féminin.
Le status safeguarding s’excerce dans trois domaines spécifiques : le domaine scolaire et parascolaire, le développement des talents sportifs ou artistiques (cf. la Tiger Mum, Amy Chua) et enfin, le développement émotionnel qui s’accompagne aujourd’hui de nombreuses visites chez le psy face à la dégradation croissante de la santé mentale des jeunes générations.
Le but final : épargner et sécuriser ce que Melissie Milkie nomme le “Competitive Kid Capital”
Bien sûr, le Status Safeguarding a plusieurs effets secondaires. La pression éducative et sociale peut amener les parents à détourner des enfants de leur passion pour des matières plus compétitives ou de ne jamais les laisser s’ennuyer pour, in fine, perdre, par habitude du soutien maternel, toute autonomie.
Mais le phénomène du Status Safeguarding, sorte de peur de l’échec par procuration, n’est pas prêt de s’éteindre. Il aurait même tendance à s’accentuer au fur et à mesure que les études s’allongent et que la rentrée dans la vie active des enfants se retarde.
Et il va parfois même au-delà…Aux US, 1 parent sur 5 accompagnerait son enfant à son premier entretien de recrutement.