Chaque année, une étrange maladie surgit après les pollens. C’est presque devenu un rite. La Parcoursupite, puisque c’est le nom de cette étrange maladie, atteint surtout les parents.
La parcoursupite est une inflammation du devenir.
Pendant 15 jours nous ne voulons plus un enfant libre, nous voulons un enfant admis. Et pendant 15 jours les WhatsApp parentaux vont se remplir d’émoticons désespérés. Pendant 15 jours les projections sociales se transforment en incrustations indélébiles.
Si tout le monde au début se compose un visage semi-serein : “Timéo a bien progressé cette année, je l’ai même vu lire un livre.” La réalité est bien différente. Les Parents sont dévorés d’angoisse.
L’angoisse ? Devoir en quelques semaines installer leur rejeton à peine sevré et très “challengé niveau autonomie” sur le campus de Brest ou de Toulouse.
L’angoisse ? Devoir dans le prochain dîner, avouer aux Fripounets, dont les triplés hétérozygotes qui ressemblaient déja à Giscard à trois ans viennent d’intégrer l’X, que Timéo devra se contenter des trois lettres redoutées I-U-T.
L’angoisse ? Survivre au coup de balanciers et décisions, il faut le dire, cryptiques et violents, de l’algorithme Parcoursup.
Dans le meilleur des cas ça donne : “Tu te rends compte Zoé a été acceptée d’office à “Super École Statutaire de frime de Parents dans les dîners.” Mais pas à “Super école école mais un peu moins frime”… Dans le pire des cas : “Timéo n’a eu aucun de ses choix.” Entre temps, il faudra survivre aux palpitations du “En attente.”
Je connais personnellement quatre mères qui errent dans Paris avec un gun (leurs maris sont à l’affût dans de gros SUV) à la recherche du concepteur de l’algorithme de Parcoursup.
Ce que voudrais leur dire c’est qu’une case à cocher n’est pas un CDI, encore moi un emploi à vie.
À vrai dire seuls 27% des diplômés exercent un métier correspondant à leur diplôme.
Dire à ces parents “présents mais non intrusifs”- car moi aussi je fais partie des parents qui ont longtemps fait croire à leurs enfants que le frigo se remplissait toute seul- que l’avenir ne se coche pas en une case et encore moins en une fois. Que nos enfants ne sont pas des actifs à risque et qu’ils ne cocheront pas forcément ce qui valorise nos dîners.
La parcoursupite, en vérité, n’est pas une maladie des enfants. C’est une crise existentielle des adultes, qui ont trop peur que leurs enfants aient à vivre ce qu’ils n’ont jamais osé.
Ce que je voudrais leur dire c’est que le Parcoursupite n’est qu’une maladie passagère et que nos enfants ne sont pas des Startups.