Au hasard de nos lectures il nous arrive chez Umanz de croiser des capsules étranges, de petites pensées ou idées qui désaxent.
Nous voulions en partager quelques unes avec vous :
1- Le test des 20 centenaires
Le test des 20 centenaires est un exercice d’humilité : “Imaginez une personne qui a 100 ans aujourd’hui, et imaginez qu’une autre personne a eu 100 ans le jour où cette personne est née, et ainsi de suite à travers l’histoire. Et alignez ces personnes en face de vous sur un mur.
Vous pouvez alors visualiser toutes ces vies de 100 ans dans même chaîne, un continuum.
Vu sous l’angle de cette simple frise, la Renaissance, c’était juste il y a 6 vies. Jésus, c’était il y a environ 20 vies. L’âge d’or des pharaons était il y a environ 35 vies seulement.
2 – Le problème pandémique masqué : l’absence de clôture narrative
La clôture d’une narration peut prendre de nombreuses formes, mais elle est généralement considérée comme un sentiment de complétude ou d’équilibre. Elle donne l’impression que les questions les plus pressantes soulevées par l’histoire-monde ont trouvé une réponse.
Comme l’ont souligné de nombreux théoriciens de la littérature : « les fins sont essentielles pour donner un sens au monde, en particulier dans les sociétés où les conceptions linéaires du temps dominent sur les conceptions plus cycliques. »
Pour Frank Kermode, les fins sont un moyen de donner un sens à une existence autrement déstructurée. Tous les humains, écrit-il, naissent au milieu d’une histoire et meurent au milieu d’une histoire : Grâce à la narration, et en particulier aux fins narratives, nous trouvons une structure et pouvons accepter notre mort inévitable par la catharsis.
Le problème de la pandémie, la source de la fatigue pandémique est qu’elle ne nous offre pas depuis deux ans, de fin identifiable, de clôture narrative…de fin à l’histoire.
3- “Scenius”: terreau des cultures émergentes
Voici une idée du musicien Brian Eno expliquée par David Chapman : avant l’émergence d’une sous-culture il y a une scène (“Scenius”).
Une scène est un petit groupe de créateurs qui inventent un nouveau truc passionnant – un genre musical, une secte religieuse, une technique d’animation vidéo, une théorie politique. En se renvoyant la balle, ils produisent des exemples et des variations, et les partagent pour leur plaisir mutuel, générant ainsi une énergie positive.
La nouvelle scène attire les fanatiques. Les fanatiques ne créent pas, mais ils apportent leur énergie (temps, argent, adulation, organisation, analyse) pour soutenir les créateurs.
Les créateurs et les fanatiques sont tous deux des geeks. Ils adorent la nouveauté, ils sont fascinés par tous ses tenants et aboutissants ésotériques et ils passent tout leur temps à la fabriquer ou à en parler.”
Quelle “scenius” voyez vous émerger autour de vous ?
4- La protection de l’environnement ne doit pas être (que) philanthropique
Une idée désaxante mais puissante de l’explorateur Bertrand Piccard : “Si nous attendons l’argent philantropique pour protéger l’environnement, nous avons de facto prouvé qu’il n’est pas profitable de protéger l’environnement.”
5- Les gens rétrospectifs
Voila une idée simple que l’on n’a pas forcément en tête. Elle est issue d’une remarque anodine livrée par Yuval Noah Harari au cours d’une conversation avec Daniel Kahneman : « les personnes les plus importantes qui affectent notre avenir sont identifiées rétrospectivement.”
6- L’avenir est inconnaissable
Dans la même ligne d’idée : en 1949, l’institut Gallup a interrogé les Américains sur les progrès scientifiques qu’ils pensaient voir se produire d’ici l’année 1999.
A cette époque, 88% pensaient que le cancer serait guéri, et 63% que les avions fonctionneraient à l’énergie nucléaire.
Seuls 15% pensaient qu’un homme marcherait sur la lune.
7- L’inégalité vocale sur Zoom
« Zoom donne la priorité aux voix fortes et profondes par rapport aux voix plus calmes et plus aiguës et crée ainsi un ordre de parole spécifique, privilégiant les intervenants masculins. »
Søren Pold, chercheur en design à l’université d’Aarhus.
8- Le bénéfice du temps (vraiment) long
Voilà ce que le CEO de Qualtrics confie sur l’intérêt d’itérer à long terme :
« Ce n’est pas un jeu de cinq ans. C’est un jeu de 20 ans. Au début, nous avions un bon business, mais notre grande percée s’est faite dans les années 13 à 17, lorsque nous sommes passés aux clients Corporate. »
9- La sagesse n’est pas la connaissance
Voici une idée simple et une leçon éternelle qui nous vient du musicien Miles Kington qui a une petite leçon de vie pour nous : “La connaissance c’est de savoir qu’une Tomate est un fruit. La sagesse c’est de ne pas en mettre dans une salade de fruit”
10- Et, toujours, toujours, la délicatesse du doute
Un merveilleux préalable à isoler comme un joyau dans le vacarme des vociférations actuelles ou quand Albert Camus pose avec élégance le doute et le questionnement avant tout.
Invité en 1955 à prononcer un discours sur l’avenir de la civilisation européenne il commence par ces mots : “Je voudrais d’abord parler de mon empêchement à dire des choses définitives sur le sujet”
Tellement rare aujourd’hui.
11- Quelles sont tes gammes de piano ?
On finit par cette question un poil déstabilisante posée par l’économiste Tyler Cowen à ses invités :
“Récemment, l’une de mes questions préférées pour taquiner les gens a été : « Qu’est-ce que vous faites pour vous entraîner qui soit comparable à la pratique des gammes d’un pianiste ? ». Si vous ne connaissez pas la réponse à cette question, peut-être faites-vous quelque chose mal ou pas assez….” explique Tyler Cowen.