Des très modérés banquiers centraux jusqu’aux boards des Banques et des Fonds, l’impact du dérèglement climatique pour la stabilité du monde économique et financier est devenu une préoccupation majeure.
D’ores et déjà l’impact systémique des bouleversements en cours tels que la pollution atmosphérique, la pollution et la raréfaction de l’eau, la contamination des sols, la déforestation et la réduction de la biodiversité font peser des risques physiques sur nombre d’installations et de sociétés et zones urbaines inondables.
« Empêcher l’avion de s’écraser »
Comme le mentionne François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France dans son appel à l’action d’avril 2019 : «empêcher l’avion de s’écraser demande un effort constant auquel s’attelle aujourd’hui un nombre toujours croissant d’institutions.”
Une autorité morale et un rappel nécessaire au moment où l’article 173 de la Loi sur la transition énergétique (LTE) vient rappeler 840 institutionnels à leurs obligations de transparences en matières d’investissements environnementaux, sociaux et éthiques.
Transition climatique et transition de capitaux
Comme le détaille sans ambiguïté, Mark Carney, gouverneur de la banque d’Angleterre, “Les émissions de carbone doivent baisser de 45% par rapport à leurs niveaux de 2010 pour atteindre le net Zéro en 2050. Cela nécessite une ré-allocation massive de capital. Si certaines sociétés et industries n’arrivent pas à s’ajuster, elles cesseront d’exister”.
« Si certaines sociétés et industries n’arrivent pas à s’ajuster, elles cesseront d’exister. »
Le message semble avoir été reçu 5 sur 5 par les investisseurs institutionnels. Récemment 88 fonds gérant plus de 10.000 milliards de dollars ont ciblé directement 707 sociétés totalisant une valorisation totale de 15 300 milliards de dollars dont Exon Mobil, Amazon et Volvo sur 46 pays pour divulgation insuffisante de leurs pratiques en matière de climat, sécurité de l’eau et lutte contre la déforestation.
L’adaptation à marche forcée et la transition vers des sources d’énergies durables et renouvelables pose aussi de nouveaux risques pour les établissements ayant encore beaucoup d’actifs et de dettes liés aux industries fossiles dans un monde accélérant le passage aux énergies vertes. Un nouveau monde où un prix de 310$ la tonne ce CO2 pourrait être exercé (soit 11 fois les niveaux actuels).
1500 milliards de dollars
Récemment, les Nations Unies ont estimé que tout délai dans la transition climatique pourrait coûter près de 1500 milliards de dollars aux entreprises côtées sur 15 ans.
Les premiers signes de ces changements massifs se font déjà sentir. Le risque climatique est désormais classé n°1 des risques par les actuaires Nord Américain :
Les villes inondables et insolvables
Parralélement, le très puissant fond Black Rock a procédé a une première mise en garde sur les instruments financiers émis par les municipalités américaines.
La grande Réévaluation
La grand réévaluation des actifs exposés au changement climatiques semble se mettre en place et s’accélérer. Récemment un sondage réalisé auprès de 39 grands gérants de fonds totalisant plus de de 10.000 milliards de dollars d’actifs révélait que 24% souhaitaient que les sociétés pétrolières réduisent leur business historique et restituent l’argent aux actionnaires.
Ils ont déclaré que que les actions des sociétés pétrolières cesseraient d’être des investissement attractifs dans 10 ans si elles échouaient à répondre aux risques climatiques. De son côté, la Banque Centrale Canadienne s’est émue il y a deux semaines du risque provoqué par une vente panique des actifs des sociétés fossiles sur les marchés financiers.
Le risque immobilier
Mais le risque climato-financier s’étend bien au delà des actifs financiers liés aux Energies fossiles. Dans les Zones à risque du globe c’est l’ensemble du secteur immobilier qui serait affecté. Aux Etats-Unis un rapport publié en juin de l’année dernière estime à 311.000 les propriétés côtières concernées à l’horizon 2050. En Australie le marché résidentiel pourrait perdre 571 milliards de dollars Australiens d’ici 2030 a estimé le Climate Council.
S’il n’est pas contrôlé, le dérèglement climatique semble faire le lit d’un chaos financier et économique aux conséquences systémiques. Dans cet environnement multiforme et fragile. Le soft landing et sa coordination globale s’annoncent délicats.
Le risque légal
Et la lourde menace sur les assets liés à l’économie “thermo-industrielle” ne s’arrête pas là, la prochaine manne des avocats spécialisés dans les class actions climatiques : les procès des états et des villes contre les sociétés gazières et pétrolières avec un objectif : exiger des réparation pour tous les coûts d’infrastructures urbaines supplémentaires supportés par les villes (murs anti submersion, aéropollution, inondation) et un record à battre les 206 milliards de dollars versés à 46 états américains par les géants du tabac…
Jusqu’à présent les géants du pétrole ont remporté la première manche mais les avocats fourbissent leurs armes avec l’appui d’une opinion publique de plus en plus favorable…
Actuellement, 12 procès pour Climate Liability sont encore en cours sur le seul territoire américain…