La poésie c’est l’infini - Umanz

La poésie c’est l’infini

« la poésie, c’est l’infini. Vous avez le droit, vous lecteur, de tout demander et de tout vouloir, excepté une borne. Vous pouvez demander à la fleur de chanter, à l’étoile d’embaumer, à la strophe d’écumer. Vous pouvez exiger de l’océan un sourire et d’une bouche de volcan un baiser. Vous pouvez prendre les cheveux d’une femme et les mettre dans le ciel, et imposer, même à la science stupéfaite forcée d’enregistrer dans sa nomenclature ce rêve et de s’en servir, la chevelure de Bérénice. Vous pouvez répandre le colibri sur le condor, créer le Roch et égarer cette immense émeraude ailée dans la nuée des légendes de l’Orient. Vous pouvez composer un esprit de toutes les forces et de toutes les grâces et faire sortir du même cerveau les euménides et les océanides, Polyphème et Nausicaa, Francesca et Ugolin, Titania et Caliban. En poésie, le prodige est de droit. Il y a un impossible qui est le possible de l’art. »

 

Victor Hugo, Prose Philosophique