Quels récits positifs pour un monde durable ? - Umanz

Quels récits positifs pour un monde durable ?

Quels récits positifs pour un monde durable ?
Camille Dijoud et Morgane Baudin – Pixetik

Umanz a rencontré Camille Dijoud co-fondatrice avec Morgane Baudin de Pixetik, agence spécialiste du placement de produit à impact positif dans les films et les séries pour échanger autour de l’un de ses sujets de coeur : comment inventer de nouveaux récits autour des transitions écologiques et solidaires et du dérèglement climatique ?

Interview et decryptage :

Umanz – Pourquoi, et encore aujourd’hui, les récits écologiques dans les fictions laissent une partie de la population apathique ?

Camille Dijoud : En règle générale, le grand public va au cinéma, regarde une série pour se divertir, pour rêver, pour jouer avec son imaginaire grâce à la fiction audiovisuelle. Concernant le traitement du sujet écologique dans les récits audiovisuels, il est majoritairement approché de façon catastrophique, et relève davantage du documentaire que de la fiction, en France. Ces approches ne semblent pas constituer la meilleure solution pour s’emparer de l’esprit du spectateur et le pousser à agir de façon positive : elles peuvent être culpabilisantes, et ne donnent pas des solutions concrètes à mettre en place dès à présent dans le monde réel. 

Il y a trop peu de fictions audiovisuelles sur nos écrans aujourd’hui en France autour du sujet écologique, abordé sous un angle positif, pour répondre à une question essentielle : “comment agir pour un monde plus durable ? ”

Umanz – Pourquoi, et encore aujourd’hui, les récits écologiques dans les fictions laissent une partie de la population apathique ?

Camille Dijoud : En règle générale, le grand public va au cinéma, regarde une série pour se divertir, pour rêver, pour jouer avec son imaginaire. Concernant le traitement du sujet écologique dans les récits audiovisuels, il est majoritairement approché de façon catastrophique, et relève davantage du documentaire que de la fiction en France. Ces approches ne semblent pas constituer la meilleure solution pour s’emparer de l’esprit du spectateur et le pousser à agir de façon positive : elles peuvent être culpabilisantes, et ne donnent pas forcément des solutions concrètes à mettre en place dès à présent.

C’est un constat. Il y a trop peu de fictions audiovisuelles sur nos écrans aujourd’hui en France autour du sujet écologique, et abordée sous un angle positif, pour répondre à une question essentielle : “comment agir pour un monde plus durable ? ”

Umanz- Comment porter un nouveau récit autour du dérèglement climatique ?

Camille Dijoud : Une place est à prendre pour raconter à l’écran (aux écrans!) de nouvelles histoires qui proposent un futur plus viable et enviable, plus durable, pour éviter les phénomènes du dérèglement climatique que nous connaissons aujourd’hui (fréquence plus élevée de périodes de canicule et précipitations, ouragans et tempêtes, réchauffement des océans). 

Les nouveaux récits se caractérisent par une approche résolument positive et engagée pour un monde plus durable. Ils transmettent aux publics un message à impact positif à la fois dans l’intrigue, à travers les personnages et dans la mise en scène d’un monde futur où l’être humain s’en sort notamment grâce à un monde de vie responsable, plus respectueux de la planète. L’enjeu est de continuer à faire rêver les publics à la recherche de divertissement tout en leur donnant des clés pour agir pour le monde de demain sans dérégler le climat.

Exposer à l’écran des solutions à impact positif, c’est sensibiliser et inspirer les spectateurs à agir en faveur de la planète: consommer moins, limiter les déchets, réduire le gaspillage, privilégier des modes de transports doux, et sans discours moralisateur! Grâce au placement de produit éco-responsable, ces solutions bénéficient d’une visibilité au coeur de l’histoire tout en lui donnant du relief  : alimentaire en vrac, vêtements recyclés, cosmétiques naturels, accessoires artisanaux issus du commerce équitable (sacs à main, sac à dos, ceinture), bijoux labellisés Fairmined sont quelques exemples de solutions à impact positif.

Umanz- Comment l’industrie du divertissement peut-elle s’organiser pour porter ces nouveaux narratifs ?

Camille Dijoud : Une des solutions serait d’apporter davantage de transversalité dans la création des récits entre les acteurs de l’audiovisuel d’une part et les porteurs de solutions à impact positif d’autre part. Ce travail en intelligence collective est nécessaire pour que la fiction colle au plus près de la réalité pour être le plus crédible aux yeux des spectateurs et ainsi, avoir le plus d’impact (positif!). 

Il revient aussi aux producteurs et aux diffuseurs de s’emparer du sujet, en tant qu’acteurs économiques de l’audiovisuel et décideurs des programmes, pour porter davantage à l’écran des fictions/nouveaux récits. 

Cela pourrait passer également par une orientation des aides du Centre National du Cinéma et de l’image animée (CNC) et de l’association Beaumarchais-SACD (Société des Auteurs et Compositeurs Dramatiques) pour encourager à l’écriture de nouveaux récits à impact positif.

Le groupe France Télévision se montre déjà actif en la matière : il a commencé à orienter l’arche narrative de certains de ses programmes sériels – notamment la quotidienne Plus Belle la Vie sur France 3 – sur un monde futur plus enviable et plus durable. 

Umanz- Comment travaillez-vous avec les marques à impact positif chez Pixetik ?

Camille Dijoud : En pratique, nous proposons aux marques 3 services: 1. Un placement de produit au cœur de l’histoire 2. Une activation média (digital, événementiel, presse) 3. Une mesure d’impact.

A titre d’exemple, nous travaillons avec Justine B, une marque de mode éthique 100% made in France dans la série Derby Girl (création originale France Télévision à destination de la plateforme Slash), pour les besoins pratiques et esthétiques du personnage principal interprétée par Chloé Jouannet.

Autre exemple de partenariat : day by day – premier réseau d’épicerie en vrac en France, placée sur le tournage de la série  l’Effondrement (création originale de Canal décalé) pour les besoins de la table régie dans un cadre d’éco-production.

Il me semble important de préciser au passage que le placement de produit dans les films et les séries représente un canal de communication puissant pour les marques : une audience se réunit volontairement autour d’un divertissement, à un instant t, dans une salle de cinéma, devant une chaîne de télévision ou sur une plateforme de streaming, pour un rendez-vous à heure fixe ou en replay. Les spectateurs sont donc prédisposés à être réceptifs aux images et messages délivrés. L’impact est là !

A l’avenir, nous souhaitons continuer à travailler sur le format sériel, très intéressant pour les marques d’un point de vue de la visibilité (récurrence garantie avec les épisodes et saisons) et d’un point de vue du public (les nouvelles générations, Y et Z surtout). Bien entendu, nous restons très attentives aux opportunités d’oeuvres cinématographiques, dans un pays comme la France où la sortie au cinéma est une activité culturelle répandue, collective et rapidement accessible.

Le graal pour nous est de porter ces marques à impact positif dans une série quotidienne française telle que “Plus belle la vie”, “Un si grand soleil”, “Demain nous appartient” qui constituent une très belle garantie d’impact auprès de millions de français chaque jour.


À propos de Pixetik : Nouveau monde, nouveaux récits? Pixetik aborde la question des “nouveaux récits” en tant que fictions audiovisuelles qui racontent l’histoire d’un monde plus durable et enviable, en proposant des solutions à impact positif. Entendre par solutions à impact positif,  les marques, services, institutions et labels qui agissent pour une économie sociale et solidaire.