“Le déploiement est un mouvement à la fois ascendant et horizontal d’ouverture et d’impact sur le monde” confie Valérie Beyssade.
Valérie Beyssade, est coach et organisatrice de séminaires de leadership pour dirigeants. Dans sa pratique, elle est souvent confrontée à des interrogations des chefs d’entreprises autour de leur capacité à se déployer, exprimer leur talent et leur potentiel.
Elle a accepté de répondre aux questions de Umanz :
Umanz- Est-ce que ce besoin de déploiement est une demande fréquente ?
Valérie Beyssade : Le besoin de déploiement est rarement formulé comme tel. Mais c’est une véritable aspiration des dirigeants qu’ils expriment au travers d’une demande de résultats obtenus avec aisance et fluidité. L’expérience du déploiement c’est être dans le flow, en confiance, et elle se vit quand les talents du dirigeant rencontrent la demande du monde extérieur.
Le contraire de se déployer c’est ployer, peiner sous un fardeau. Les demandes de travail sur le déploiement de soi et de ses talents interviennent donc souvent après un épuisement, des conflits, une perte de sens, de la difficulté à trouver des alliés ou une insatisfaction dans le réel.
A l’inverse, il existe aussi, chez les dirigeants, une demande de déploiement et d’envergure (et donc de stabilité) quand tout va bien ou s’accélère. Dans ce cadre, la demande de déploiement s’apparente à une intention de garder une “zone de vigilance” quand tout s’emballe, de type : ”j’ai une Formule 1, je ne veux pas faire de sortie de route”.
Umanz- Comment un dirigeant peut-il se déployer ?
Valérie Beyssade : J’ai identifié 7 clés pour déployer son potentiel :
- Choisir son moyen d’expression et la voie de ce déploiement (particulièrement difficile pour les personnalités multi-talents). Cela consiste à être capable d’identifier ce qui vous rend vivant ou vous donne de l’énergie.
- Avoir une vision ambitieuse et un objectif clair.
- Être bon dans ce qu’on fait, c’est à dire pratiquer son art et faire ses gammes. Une clé qui s’accompagne d’un certain don de soi. Il faut donc savoir “se donner” : investir dans la formation, apprendre, se tenir au fait.
- Tenir le compte des petites victoires, être positif.
- Communiquer, partager. Comprendre que le déploiement est tout autant individuel que collectif et qu’on ne se déploie que si l’on s’appuie sur l’autre. Il faut donc en parler, ne pas garder son talent à l’intérieur. Chercher et trouver des alliés.
- Se relever après les échecs ou les épreuves, et les utiliser pour se réajuster.
- Renoncer à tout faire (ou à plaire à tout le monde), en se laissant guider par ses valeurs et ses priorités pour faire ses choix.
Umanz- Quels sont les obstacles au déploiement ?
Valérie Beyssade : Ce qui nous limite le plus c’est nous-même, car les obstacles à l’extérieur sont le plus souvent le reflet de notre intérieur. Peur d’oser, manque de volonté ou de discipline. Il est donc primordial de cultiver une bonne santé physique et mentale, de pratiquer un sport, de visualiser régulièrement le succès et des pensées positives.
J’ai pu constater par ailleurs que les petites (ou grandes) addictions du dirigeant : pouvoir, argent, travail, entravent sa liberté, et peuvent constituer des obstacles au déploiement. La complexité et la taille aussi. C’est souvent le cas chez des dirigeants de start-up qui passent de 10 à 50 puis à 100 personnes.
Il y a aussi les cadres contraignants et les limites que l’on s’impose volontairement ou involontairement.
Un autre obstacle au déploiement est souvent le sentiment égotique d’avoir toujours raison, qui empêche le dirigeant de prendre en compte les réalités d’un environnement changeant. Il est donc très important d’avoir des garde-fous à cette toute-puissance. Un impératif qui remet au centre la nécessité d’opérer un retour aux sources, ouvre la question de la spiritualité (par laquelle on se relie à plus grand que soi), et bien sûr, celle du choix de l’entourage, dont je parle plus loin.
Umanz- Comment passer du déploiement individuel au déploiement collectif ?
Valérie Beyssade : Le déploiement du dirigeant doit être altruiste. Il faut donc convaincre les parties prenantes, partager sa vision stratégique et savoir faire coïncider ses talents avec les besoins du collectif.
J’ai constaté que l’art du déploiement s’accompagne aussi d’une capacité à savoir s’entourer. En bref, on ne se déploie pas sans un bel entourage, dans la sphère privée et/ou professionnelle. C’est particulièrement vrai pour tout projet un tant soit peu ambitieux : il faut trouver ses frères ou sœurs d’armes ou d’âme, celles et ceux dont on partage les valeurs, et qui seront là à vos côtés par gros temps comme quand tout va bien.
Avec ces personnes, il sera utile de savoir poser ce que j’appelle des “moments de régulation”. Ce sont des temps de recul que l’on prend pour examiner ce qui est fluide comme ce qui est inconfortable, et des temps de parole ou de conversation courageuse pour se dire précisément et posément les choses afin de pouvoir continuer ensemble l’aventure du déploiement.
C’est en tout cas passionnant d’accompagner les déploiements chez les personnes, et d’être le témoin de leur réussite, de leur rayonnement, de leur vitalité !