S’élever Amoureuse
S’élever Amoureuse (souvent utilisé au féminin) est une magnifique Nuance que j’ai croisée dans les livres de Bernard Werber que je relis avec mon fils.
Je l’ai aussi relue dans cette phrase du très beau portrait de Macha Méril, dressé dans le livre de Vincent Remy et Jean-Philippe Pisanias : “Quelles vies” :
“ Si Macha Meril a partagé sa vie avec de nombreux compagnons, tout au long du chemin, elle a du attendre 74 ans pour tomber amoureuse ou s’élever amoureuse.”
Savoir Comment Vs Savoir Que
Avez vous noté à quel point dans nos sociétés ultra-visibles tout le monde “sait que” mais de moins en moins de gens “savent comment”.
C’est le constat de Matthew Crawford, l’auteur culte de l’éloge du carburateur :
“La satisfaction de se manifester concrètement dans le monde par une compétence manuelle est connue pour rendre un homme calme et facile. Elles semblent le soulager du besoin ressenti d’offrir des interprétations bavardes de lui-même pour justifier sa valeur. Il peut simplement dire : le bâtiment est debout, la voiture roule maintenant, les lumières sont allumées…. mais le régime éducatif actuel est basé sur une certaine conception du type de connaissance qui est important : « savoir que », par opposition à « savoir comment ».
L’illusion de la réciprocité absolue
Parfois, en amour la réciprocité empêche de découvrir un relation plus profonde, plus riche et plus authentique. C’est la jolie nuance que propose David Whyte :
Nous ne pouvons jamais savoir au départ, en nous donnant à une personne, à un travail, à un mariage ou à une cause, de quel type d’amour il s’agit exactement. Lorsque nous exigeons un certain type de réciprocité avant que la révélation n’ait complètement fleuri, nous nous retrouvons déçus et endeuillés et, dans ce chagrin, nous pouvons passer à côté de la forme particulière d’amour qui est réellement possible mais qui ne répondait pas à nos attentes initiales et trop spécifiques.
En nous sentant dépourvus, nous nous identifions comme des déçus de l’amour, notre déception presque orgueilleuse nous empêchant de voir le manque de réciprocité de la part de la personne ou de la situation comme une simple invitation difficile à une forme d’affection plus profonde et encore méconnaissable.
“Libre de” VS “libéré de”
Il y a plusieurs façon de concevoir la liberté. On peut être en effet “libéré de”…Ou “Libre de”.
C’est la distinction fondamentale expliquée par David Brooks :
Nos engagements nous élèvent à un degré supérieur de liberté. Notre culture conçoit la liberté comme l’absence d’entraves. On est libéré de.
Mais il existe une autre forme, plus élevée, de liberté. C’est quand on est libre de. C’est la liberté en tant que pleine capacité, et elle suppose souvent de la restriction et de la retenue. Il faut s’enchaîner pendant des années à son piano si l’on veut vraiment en jouer librement. Il faut s’enchaîner à un ensemble d’habitudes vertueuses pour ne pas devenir l’esclave de ses désirs destructeurs – le désir d’alcool, le désir d’approbation, le désir de passer sa journée au lit.
Il précise que, dans la seconde partie de vie,par un étrange paradoxe, ce sont nos chaînes vertueuses qui nous libèrent.
Le sérieux, l’humour et le solennel
La dernière nuance nous est proposée par John Cleese, célèbre figure des Monty Python, particulièrement doué pour mettre à jour nos grandes absurdités et contradictions. Il propose une distinction (jamais exempte d’humour) entre le sérieux et le solennel.
Une autre frontière invisible qui distingue le fond de la forme :
« Maintenant, je vous suggère qu’un groupe d’entre nous pourrait être assis après le dîner, discutant de sujets extrêmement sérieux comme l’éducation de nos enfants, ou nos mariages, ou le sens de la vie, et nous pourrions rire, et cela ne rendrait pas ce dont nous discutons moins sérieux.
La solennité, par contre, je ne sais honnêtement pas à quoi elle sert. Je veux dire, quel en est le but ? Les deux plus belles funérailles auxquelles j’ai assisté avaient toutes deux beaucoup d’humour et cela nous a tous libérés et a rendu les cérémonies inspirantes et cathartiques.
Mais la solennité est pompeuse. Et les gens qui s’estiment supérieurs savent toujours, à un certain niveau de leur conscience, que leur égoïsme va être percé par l’humour. C’est pourquoi ils le voient comme une menace. »
John Cleese