Dans le film de Stéphane Brizé et Oliver Gorce, Vincent Lindon (Philippe Lemesle) poussé par sa boss cynique Marie Drucker (Claire Bonnet-Guérin) à trahir son Directeur des Opérations pour éviter son licenciement lui écrit la lettre suivante :
« Chère Madame Bonnet-Guérin
Il y a quelques jours vous m’avez offert la possibilité de vous montrer que l’entreprise pouvait retrouver la confiance qu’elle avait initialement mise en moi. Et je vous remercie de me donner ainsi l’opportunité de vous prouver qui je suis.
En me proposant de mettre fin au contrat de mon collaborateur Olivier Lefebvre, vous m’évitez un licenciement à mes seuls torts. C’est une chance, car en me faisant cette offre vous me permettez de comprendre l’homme que je suis devenu à vos yeux et aux yeux de beaucoup d’autres sans doute : un homme assez méprisable pour que vous puissiez imaginer que j’accepte votre proposition.
Car je suis le seul responsable de tous les dysfonctionnements sur mon site industriel. Responsable d’avoir obligé les chefs d’ateliers à détourner le regard sur des pratiques dangereuses sur les lignes de production. Responsable aussi d’avoir menti à mes équipes en faisant systématiquement appel à leur loyauté et à leur dévouement.
Vous m’avez voulu bon soldat et je l’ai été. Vous appelez ça courage moi j’appelle ça lâcheté ou bêtise. Car les quelques qualités que je peux me reconnaître ne m’ont même pas servi à comprendre que nous sommes devenus fous.
J’ai fait cela contre un salaire important et je l’aurait sans doute fait pour beaucoup moins. Car la où je croyais qu’il pouvait avoir de l’intelligence, il n’y avait en fait que de l’indécence.
Ma liberté a sûrement un coût, mais elle n’a pas de prix. En conséquence je vous demande instamment que l’ensemble des griefs que vous me reprochez soient précisément retenus contre moi et moi seul. Tels que vous les avez formulés. Ils décrivent assez précisément l’homme qui occupait la fonction que le groupe Elson m’avait confié.
Ils décrivent surtout un homme que n’aimerais pas avoir comme ami, comme père et comme mari.
Bien à vous,
Philippe Lemesle