“À l’époque de la création de Wired, il y a 22 ans, je me souviens d’être entré dans le bureau du fondateur, Louis Rossetto avec une affaire urgente. J’étais le directeur de la rédaction, et mon travail consistait à traiter de nombreuses questions urgentes, la plupart d’entre elles étant de nature tactique. J’avais besoin d’éditer des articles, de faire sortir des pages. Et je me souviens de ce qu’il faisait : il était assis, un Wall Street Journal étalé sur son bureau, et il tournait lentement et délibérément les pages, étudiant le journal d’avant en arrière.
Je l’avais vu faire cela suffisamment pour savoir que c’était une habitude régulière, et la pile à côté de lui, composée du NY Times, du New Yorker et d’autres périodiques de la vieille école, me disait qu’il allait y rester pendant au moins une heure de plus, voire plus. En tant que directeur de la rédaction du magazine le plus cool du monde, qui couvre la révolution numérique, l’idée de me plonger dans les « vieux médias » pendant une heure ou plus par jour me semblait insensée. Si un article du Journal ou du Times était vraiment important, quelqu’un m’en parlait par mail ou sur le Web.
J’ai interrompu Louis et je lui ai demandé : « Comment peux-tu te permettre de prendre le temps de faire ça tous les jours ? »
Je n’oublierai jamais sa réponse. Il a levé les yeux au ciel, vraiment perplexe, et a répondu : « Comment peux-tu te permettre de ne pas le faire ? ».
John Battelle