microDON est le pionnier français de la “générosité embarquée” (embedded giving) grâce à ses solutions technologiques qui facilitent le don, comme L’ARRONDI solidaire.
Depuis sa création en 2009 microDON, entreprise solidaire, a généré 35 millions de micro-dons et un peu moins de 13 millions d’Euros reversés à plus de 1200 associations. 40% des sommes ont été collectées dans les 12 derniers mois.
Selon un sondage MediaPrism : 57% des jeunes de 18 à 29 ans sont ouverts à l’idée de pratiquer L’ARRONDI en caisse et chaque mois, L’ARRONDI touche près d’1,5 million de personnes en France.
A ce jour, 16 enseignes proposent L’ARRONDI solidaire en caisse (Monoprix, Rouge Gorge, Maisons du Monde, Franprix,…) et 377 sociétés sont clientes de L’ARRONDI sur salaire dont la MGEN, Saint-Gobain, Nemera, Derichebourg, L’Oréal, Air Liquide, Havas, Le Groupe UP, la MAIF…
Pierre-Emmanuel Grange co-fondateur de microDON aux côtés d’Olivier Cueille a accepté de répondre aux questions de la Umanz Interview :
Umanz- Présentez vous sans utiliser de titre ?
Pierre-Emmanuel Grange : Je suis un entrepreneur social passionné par les projets et les organisations qui mettent en place des solutions économiques à impact social. Je suis aussi père de deux enfants et heureux !
Umanz- Que vouliez vous faire quand vous étiez petit ?
Pierre-Emmanuel Grange : J’ai toujours eu la volonté d’aller vers le monde. Je voulais comme mon père médecin faire de l’humanitaire. J’ai fait un an de médecine, ça ne m’a pas réussi.
Umanz- Qu’est-ce que vos parents vous ont appris ?
Pierre-Emmanuel Grange : J’ai un fort héritage d’ouverture au monde transmis de génération en génération par mon grand-père, entrepreneur dans le bâtiment. Chez nous il y a toujours eu l’idée qu’au delà de l’équilibre vie pro-vie perso il devait y avoir un temps pour les autres. En vacances mes parents disaient qu’il y a 3 temps : un temps pour travailler, un temps pour profiter et un temps pour les autres. Ce terreau familial m’a donné l’envie d’être brancardier à Lourdes, volontaire au JMJ et de m’impliquer dans plusieurs missions humanitaires à l’étranger.
Mes parents ont voulu une famille très ouverte, on a toujours accueilli des enfants. Au delà des mes 4 frères et “soeur de sang” j’ai par exemple deux “soeurs de cœur”. Nous avons aussi accueilli une petite algérienne atteinte d’une leucémie pendant de longs mois. Cet héritage est quelque chose que je redécouvre régulièrement et qui me nourrit encore.
Umanz- Quel est votre meilleur moment professionnel ?
Pierre-Emmanuel Grange : Le meilleur moment : En 2012 quand Jean Paul Mochet directeur de Franprix m’a dit sur L’ARRONDI : “On y va ! C’est ça que je veux et on aura réussi quand ils le feront dans tous les magasins en France.” Une décision courageuse prise malgré un système comptable compliqué et qui a changé notre destin.
Le moment le plus important : ma rencontre avec Olivier Cueille, mon ancien manager pendant 5 ans chez GE et associé chez microDON. J’ai un côté Latin plutôt créa, lui est très Scandinave dans l’esprit et plein de rondeur. C’est lui qui a mis en place le management libéré chez microDON. On se complète.
Umanz- A quoi avez vous renoncé ?
Pierre-Emmanuel Grange : Je n’ai pas tant renoncé que repoussé. J’ai mis un peu plus de temps que mes amis à construire ma famille, avoir des enfants,… J’avais besoin d’avoir au préalable une certaine stabilité pro.
Umanz- Que feriez vous si vous deviez changer de métier ?
Pierre-Emmanuel Grange : Si j”avais eu le talent ou plutôt les papilles, j’aurais voulu être critique gastronomique. L’expérience culinaire est l’une des plus exaltantes que je connaisse.
Umanz- Quelle leçon de vie aimeriez vous transmettre à tes enfants ?
Pierre-Emmanuel Grange : Ouvrez vous. Vivez des expériences différentes, évitez l’entre soi. La richesse de la vie vient de la confrontation avec des choses et des gens différents.
Umanz- Une lecture qui vous a bouleversé ?
Pierre-Emmanuel Grange : “80 hommes pour changer le monde”, le livre de deux étudiants Sylvain Darnil et Mathieu Le Roux avec la belle préface de Maximilien Rouer.
Il m’a convaincu qu’au delà de la génération biberonnée à la sauce capitaliste et à la culture du résultat naissait une nouvelle génération prête à mettre sa culture économique au service du plus grand monde et du bien commun.
Umanz- Qu’est ce que vous ne savez pas ?
Pierre-Emmanuel Grange : Bricoler… Je ne sais pas faire grand chose de mes mains…J’ai récemment presque détruit un mur en réparant le fil de la TV.
Umanz- Qu’avez vous appris cette année ?
Pierre-Emmanuel Grange : J’ai appris à commencer à relativiser et ce n’est pas encore abouti car je suis une boule à émotion et à stress.
Umanz- Qu’est-ce qui vous inquiète ?
Pierre-Emmanuel Grange : Ce repli sur soi, cette peur que l’histoire se répète avec des extrêmes qui prennent de plus en plus de place. La violence verbale sur les réseaux sociaux qui dégénère en violence physique. Le paradoxe de l’hypermédiatisation alors que les gens ne se parlent pas… Le Buzz, une polémique qui en chasse une autre, le tout est permis, la surenchère. L’atrophie du débat et de la bienveillance
Umanz- Qu’est-ce qui vous rend optimiste ?
Pierre-Emmanuel Grange : Je suis optimiste sur le long terme sur les entreprises à impact car je me dis qu’il n’est pas possible que l’on ne comprenne pas qu’il ne faut pas changer.
Il y a une vrai vague sur les sujets sociaux et environnementaux et je constate chaque jour le succès des troisièmes cycles en développement durable et RSE qui tendent à supplanter dans le cœur des étudiants, ceux de la finance de marché.
Umanz- Quelle est votre phrase préférée ?
Pierre-Emmanuel Grange : “La seule constante c’est le changement”… Il faut toujours se remettre en question… Mais pas de façon Darwinienne, plutôt en collaborant.
Umanz – Quels sont les futurs projets de microDON ?
Pierre-Emmanuel Grange : Notre métier c’est de faciliter l’engagement solidaire et la générosité embarquée. On a commencé par le don financier citoyen ou celui des salariés avec l’employeur. On va aujourd’hui vers le don de temps.
Nos projets : permettre aux entreprises de s’outiller pour faciliter l’engagement des collaborateurs et enrichir le sens au travail. Des initiatives qui sont souvent moteurs de conciliation et de réconciliation dans l’entreprise comme le team building Solidaire ou le Mécénat de Compétences, la mise à disposition de salariés dans les associations pour les collaborateurs de la génération 55/65. Autant de dispositifs avantageux fiscalement et bénéfiques pour la collectivité, l’Etat et les associations.
Umanz- Comment voyez vous le futur de l’économie positive ?
Pierre-Emmanuel Grange : Cette nouvelle façon de pratiquer l’économie au service de tous va devenir une “norme” . Il y a un conscientisation très forte et une vraie demande d’équilibre entre les parties prenantes. Même au sein de la finance (cf. les deux lettres annuelles du CEO de black Rock) .
Économiquement on va droit dans le mur si on trouve pas un autre équilibre. On n’a tout simplement pas le choix.
Umanz- Comment voyez vous le futur de la générosité ?
Pierre-Emmanuel Grange : La générosité devient protéiforme : argent, objet, temps. Elle devient aussi de plus en plus participative et collective.
Le donner ensemble et le faire ensemble donnent plus de sens.