Le COVID est un virus et un paradoxe. Il bouleverse nos schémas de pensées et, étymologiquement, nos opinions. Il obscurcit l’avenir déjà incertain, assomme l’économie et creuse la fragmentation sociale.
Chaque jour le confinement ouvre de nouveaux paradoxes et des choix moraux inédits pour les politiques et les dirigeants. On le comprend aujourd’hui, on ne fera pas re-marcher la société d’un coup d’interrupteur.
Autant de champs de réflexion sur le bouleversement civilisationnel total que nous vivons dans nos corps et nos esprits confinés face à un virus mondialisé
Des paradoxes qui, dans l’économie, dans la vie publique, dans nos vies privées comme professionnelles, nous mettent en face de nos contradictions, de nos interdépendances toxiques et de nos indifférences :
- Une pandémie pendant laquelle s’éloigner c’est sauver
- Une pandémie pendant laquelle toucher c’est tuer
- Une pandémie pendant laquelle sortir c’est prendre un risque
- Une pandémie pendant laquelle s’enfermer c’est vivre
- Une pandémie pendant laquelle multiplier les points de contact est mortel
- Une pandémie qui paupérise l’économie, un confinement qui enrichit les liens.
- Une pandémie pendant laquelle une population se divertit pendant que des hommes et des femmes meurent sous respirateurs à quelques kilomètres.
- Une pandémie pendant laquelle les pays à plus forts liens générationnels sont les plus exposés au Covid19 comme l’a tristement rappelé David Djaïz
- Une pandémie pendant laquelle la charge mentale des femmes a doublé
- Une pandémie pendant laquelle des politiques hésitent entre sauver des vies et sauvegarder nos modes de vies
- Une pandémie pendant laquelle se creuse le gap de l’économie de la rente et de l’économie physique.
- Une pandémie qui tue des milliers d’industries tout en portant aux nues un certain capitalisme numérique
- Une pandémie pendant laquelle les outils digitaux censés nous isoler, nous rapprochent
- Une pandémie pendant laquelle se creuse l’incompréhension entre les cols bleus sur les lignes de fronts et les cols blancs confinés
- Une pandémie dite indiscriminante qui creuse les inégalités
- Une pandémie qui mobilise les gouvernements comme jamais le dérèglement climatique n’a réussi à les mobiliser.
- Une pandémie où la résilience est externalisée aux individus car les Etats ne le sont plus
- Une pandémie où l’on te conseille de porter un masque que tu n’a pas
- Une pandémie où certaines démocratures ont des courbes plus plates que les démocraties
- Une pandémie où seule ton immunité te donnera le droit de circuler
- Une pandémie où l’après ressemble à un avant dégradé.
- Un pandémie qui jette un regard violent et cru sur le monde qu’on a défait et l’ampleur du monde à refaire
Une pandémie qui, ultime paradoxe, sépare les vivants des vivants et les vivants des morts.