“ Dès l’entretien on s’est senti bien on avait l’impression de discuter avec les gens.”
“ Le matin j’arrivais et j’avais peur que ça s’arrête…”
”ici on a du travail, on est bien c’est comme une famille, on veut être là jusqu’à la fin de notre vie”
“On voulait juste que ça marche…Comme on fait comme on part en voyage entre potes.”
“ Garder ce qu’on a su créer entre les personnes serait ma plus belle fierté.”
“La passion des gens ici…Ils vivent les produits.”
Saviez vous qu’il y a des entreprises douées pour le bonheur ?
Elles s’appellent : À bicyclette, LGM & Co (Les Gros Mots), Foot Bar, Maisons Cahen et Maurice Beer, La Maison de Nina, Number/Tiime, Maximum, La Rosée Cosmétiques, Jahier et fils, Vivinnov, Renaissance Upcycling et Toiture Parisienne.
Pendant deux ans et à travers le recueil de la parole de 200 salariés, Philippe Négrier a rencontré ces 12 entreprises hors-normes, des entreprises heureuses avec des salariés heureux.
Et ce n’est pas forcément lié à leur activité : parmi ses 12 sociétés il y a une entreprise de Pompes funèbre et une société d’experts-comptables.
Il raconte ses merveilleuses rencontres dans son livre Alchimies magnifiques. Une aventure dont l’intention secrète est aussi d’encourager à chercher un meilleur collectif plutôt que renoncer à une envie.
Il a accepté de répondre aux questions de Umanz :
Umanz- Quelles sont les caractéristiques des entreprises heureuses ?
Philippe Négrier : D’abord elles tiennent aux dirigeants. La plupart de ces entreprises sont dirigées par des gens qui les ont créées ou qui sont les enfants de fondateurs. Il s’agit souvent d’ entreprises habitées par une volonté de pérennité.
La deuxième caractéristique est que ce sont des entreprises animées par une vision, une passion de vivre leur métier de la meilleure des manières possibles. Dans des métiers traditionnels comme les couvreurs et charpentiers, dans la cosmétique comme Rosée, mais aussi dans des métiers de service comme le cabinet comptable Numbr créé à Epinal par un ancien ingénieur de Peugeot
Ce sont aussi des entreprises dominées par une vision humaniste du rapport aux autres. Mais pas d’une façon théorique. Elles ne se reposent pas sur la dernière mode ou des croyances fixes en termes de management. Elles sont souples dans leurs méthodes. Un dirigeant m’a même confié : “Tu sais ici on ne connait rien en RH.”
Umanz- Justement qu’avez vous découvert sur leur dirigeants ?
Philippe Négrier : Le premier trait principal c’est que ce sont tous des gens gentils. Profondément attachés à la pérennité de leurs outils de travail, à la transmission et au le bien-être de leurs employés. Ce sont souvent des entreprises très paritaires.
Ces dirigeants font aussi preuve d’humilité dans la volonté d’aller où ils veulent aller. Ils ont cette sorte d’humilité qui admet de ne pas toujours savoir le chemin, d’oser se remettre en question, d’accepter leurs propres erreurs et l’erreur des autres.
Intrinsèquement, ce sont des explorateurs qui préfèrent la découverte à la sécurité, l’invention à l’habitude ou à la réplication.
Ils ont un sens aigu de la dignité au travail. Ils n’embauchent pas des CV mais des personnalités porteuses de valeurs qui ont le pouvoir de s’inscrire dans le collectif de façon simple et naturelle. Jamais des clones.
Ils ont enfin la capacité à utiliser leurs intuition, ne pas être que dans la raison, notamment dans le recrutement, l’écoute et la relation aux autres.
Les entreprises que j’ai rencontrées vont aussi contre les idées reçues : ne pas faire d’entreprise avec ses amis, ne pas s’associer avec son mari…
Umanz- Et qu’avez vous découvert chez leur salariés ?
Philippe Négrier : Les dirigeants cherchent des gens qui ne leur ressemblent pas, qui sont différents et enrichissent le collectif. Ils cherchent à trouver et promouvoir des qualités qu’ils n’ont pas.
J’ai trouvé que les salariés de ces sociétés étaient du genre déterministes. Très autonomes, sachant se prendre en main.
Ils sont également très solidaires. On ressent dans ces entreprises une forte énergie, comme une résonance entre les employés et le métier de la société.
Beaucoup ont soutenu massivement leur société ou leur dirigeante quand elle s’est trouvée attaquée sur les réseaux sociaux.
Chacun se sent propriétaire de la destinée de l’entreprise.
Umanz- – En quoi cette enquête au long cours et ces moments passés avec des Entreprises Heureuses a modifié votre conception du bonheur au travail ?
Philippe Négrier : Elle a renforcé des convictions que j’avais acquises auprès de mon grand-père et de mon père, chefs d’une entreprise de gros alimentaire créée en 1921.
J’ai toujours entendu mon père dire que l’important était de sauvegarder l’outil de travail, avoir le souci des clients et de la santé des détaillants dont dépendait la société familiale, de bien payer son personnel. Leur obsession comme celle des dirigeants que j’ai rencontrés était : “comment fait-on pour que l’entreprise fonctionne dans la durée ?”
Cela signifie aussi ne pas s’abreuver de dividendes, réinvestir dans l’entreprise, faire face aux aléas en développant sa capacité d’autofinancement et avoir le respect des gens qui sont souvent là depuis des années.
Ils s’attachent à donner confiance par devoir et non par pouvoir. S’il arrive que les salariés fassent des erreurs, ils en prennent la responsabilité et savent aussi leur laisser le bénéfice de leurs réussites.
Autre signe, dans ces boites, les délégués du personnel n’ont pas de revendications mais des questions curieuses et fonctionnelles sur l’avenir de l’entreprise
Une dernière chose et de taille : au cours de mes entretiens je n’ai vu aucun de ces dirigeants dire “Je”. Ils disent souvent “On” ou “Nous”. J’y ai vu des collectifs auto-centrés mais aucun dirigeant égo-centré.
Umanz : De toutes ces rencontres, qu’avez vous compris de la magie des collectifs ?
Philippe Négrier : Lorsque la vision de l’entreprise est claire, que le rôle de chacun contribue concrètement à la mission collective et laisse la place à l’évolution personnelle, que le collectif travaille en bonne intelligence, dans la confiance pour tous et dans la solidarité, alors, la tribu entrepreneuriale, non seulement récolte de beaux fruits économiques et la confiance de ses clients mais chacun développe la force de son identité sociale propre dans la joie (sa place dans la société) et sa confiance dans le pouvoir positif du collectif.
Lorsque l’on a compris que le collectif permettait de construire des choses et des idées qui sont inatteignables seul, alors le vivre ensemble, dans l’entreprise ou en dehors, devient non pas une obligation mais une nécessité et une joie.
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