Il y en a qui crient, qui courent dans tous les sens, des qui shootent dans le ballon, des qui se jettent dans les feuilles mortes. Ça sent le bruit, l’agitation et la vie. La surveillante a de la peine à surveiller ce petit monde qui crépite d’énergie.
Puis, il y a deux enfants qui marchent.
Ils semblent être dans une grande discussion philosophique, ils ont cet air sérieux emprunté aux adultes. Ils bougent lentement leurs mains pour appuyer leurs propos. Ils semblent discuter du monde, de la vie et de la nature des choses.
Ce sont de mini-doctes. Ils n’entendent rien et ne voient rien du brouhaha autour d’eux.
Ils sont bien, ils sont heureux. Ils marchent lentement, en rond, en évitant les petites bombes enfantines lâchées tout autour de leur mystérieux parcours.
Que peuvent-ils bien se dire ? Qu’est-ce qui les a fait soudainement si denses ? Se reverront-ils ? Seront-ils amis pour la vie ? Se souviendront-ils dans trente ans de cette scène. Se rappeleront-ils de leurs prénoms ?
Tout autour d’eux les enfants s’amusent, se dépensent. Eux se recréent.
Dans chaque cour de récréation du monde, des enfants s’agitent, mais il y a toujours, toujours, deux enfants qui marchent.