Lucie Soulard est co-fondatrice avec Estefania Larrañaga de Place2Swap, une place de marché omnicanale en marque blanche qui permet aux consommateurs d’échanger leur produits d’occasion au sein des marques. Créée en juillet 2016, cette plateforme a pour objectif de positionner de manière durable et rentable les marques sur les problématiques d’économie circulaire en donnant une seconde vie à leurs produits , tout en répondant aux nouvelles attentes des consommateurs.
Aujourd’hui Place2Swap travaille avec de grandes références comme Galeries Lafayette et Camaïeu, Bricorama et Histoire d’art et boucle sa première levée de fonds auprès de Business Angels.
Lucie Soulard a accepté de répondre aux questions de la Umanz Interview :
Umanz- Présentez vous sans utiliser de titre ?
Lucie Soulard : Après 12 ans passés dans le marketing où je n’étais plus du tout à l’aise avec l’aspect surconsommation, j’ai repris un MBA en Digital and Marketing Business où j’ai rencontré Estefania, avec laquelle nous partagions les mêmes valeurs, et qui est devenue mon associée . Nous avons co-créé Place2Swap qui propose aux marques d’intégrer le marché de l’occasion à leur offre pour en faire un levier de croissance additionnel et une manière de répondre aux nouvelles attentes et usages des consommateurs , et en particulier les Millennials.
C’est une manière aussi pour elles de reprendre la main sur un marché qui leur échappe complètement aujourd’hui car il est trusté par des plateformes tierces.
D’un point de vue personnel sinon , j’ai 39 ans et suis l’heureuse mère de 3 enfants, donc autant vous dire qu’on ne s’ennuie pas trop à la maison ! J’adore cuisiner et voyager , passions que j’essaye autant que possible de conserver dans un rythme de vie trépidant .
Umanz- Que vouliez vous faire quand vous étiez petite ?
Je voulais être maîtresse puis journaliste. Puis finalement j’ai fait une école de commerce pour me lancer dans une carrière marketing, comme quoi rien n’est jamais tracé !
Umanz- Qu’est-ce que vos parents vous ont appris ?
Ils m’ont appris la valeur du travail et l’humilité, des notions que je valorise encore aujourd’hui plus que tout.
Umanz- Quel est votre meilleur moment professionnel ?
J’ai plusieurs bons souvenirs, mais si il ne fallait en retenir que deux , ce serait la signature de notre première marque Camaïeu, car c’était le fruit de plusieurs mois de labeur, et ce qui nous a permis réellement de mettre le pied à l’étrier. La seconde serait quand nous avons été acceptées chez Lafayette Plug & Play, l’accélérateur Retail et Fashion, car nous savions que cela allait nous donner un énorme coup de boost pour notre déploiement commercial.
Au delà de ces moments précis, ce que j’apprécie tout particulièrement dans la vie d’entrepreneure c’est la possibilité qu’elle vous donne de rencontrer tous les jours des personnes extraordinaires et inspirantes, ce qui est une source d’enrichissement sans fin et justifie de se lever tous les matins.
Umanz- A quoi avez vous renoncé ?
Je dirais à une carrière toute tracée dans le marketing dans laquelle j’aurais sans doute terminé à des fonctions de direction dans un grand groupe , mais cela faisait longtemps que je ne me reconnaissais plus là-dedans, et quand j’ai eu l’opportunité de partir je n’ai pas hésité une seconde.
L’entrepreneuriat est un vrai choix de vie, cela a des conséquences financières non négligeables dans un couple , et je dois dire que je ne me serais jamais lancée si je n’avais pas eu le soutien indéfectible de mon mari sur le sujet.
Umanz- Que feriez vous si vous deviez changer de métier ?
Je resterais sans aucun doute dans l’écosystème de l’entrepreunariat en favorisant deux axes – l’Impact ( nous faisons partie du réseau FEST et venons toujours juste d’intégrer le programme 50 partners impact ) et le women empowerment, notamment sur la partie financière. Lever des fonds quand on est une femme entrepreneure est un véritable parcours du combattant , et je veux pouvoir à mon humble échelle contribuer à faire avancer les choses. C’est la raison pour laquelle Estefania et moi-même faisons partie de mouvements comme 50inTech ou Sista qui ont pour vocation de faire bouger les lignes sur ces sujets justement.
Umanz- Quelle leçon de vie aimeriez vous transmettre à tes enfants ?
La persévérance dans le travail mais aussi dans le sport, la musique… toutes les activités dans lesquelles on peut s’investir dans la vie en fait ! Rien ne tombe tout cru dans le bec , et il faut apprendre à ne pas s’arrêter sur un échec.
Comme déjà évoqué précédemment, je leur apprendrais également l’humilité et l’importance de se remettre en question, en tous cas de ne jamais reposer sur ses acquis !
Umanz- Une lecture qui vous a bouleversé ?
La Salamandre de Patrick Ruffin
Umanz- Qu’est ce que vous ne savez pas ?
Ouh là , beaucoup de choses, je ne sais pas où nous serons dans 1 an par exemple ( rires )
Plus sérieusement, je ne sais pas coder et j’aimerais beaucoup m’y mettre.
Umanz- Qu’avez vous appris cette année ?
La longueur du cycle de vente en BtoB, particulièrement lorsqu’il s’agit d’un business disruptif qui traite d’un nouveau marché, et que l’on s’adresse au Retail qui est lui-même un secteur en pleine transformation.
Nous accédons désormais beaucoup plus facilement aux directions générales car nous avons gagné en visibilité grâce à notre expertise et nos premiers retours d’expérience, mais les mises en place sont toujours aussi longues et c’est vraiment pesant.
Umanz- Qu’est-ce qui vous inquiète ?
La montée des inégalités et la mise en place de deux mondes parallèles dans notre société.
Umanz- Qu’est-ce qui vous rend optimiste ?
La manière de penser des Millennials et des jeunes générations qui sont “ sustainable native”. Le passage de la possession à l’usage, la lecture plus fréquente des étiquettes et de la provenance des produit, le “zero waste” ou la pratique de l’occasion sont devenus pour eux une évidence, et c’est tant mieux !
Pour nous cela se manifeste dans notre processus d’embauche : nous n’avons aucun mal à recruter des profils de talent, car ils sont attirés par notre proposition de valeur et notre entreprise qui est porteuse de sens. C’est une vrai satisfaction pour nous, et cela justifie encore une fois de se lever le matin !
Umanz- Quelle est votre phrase préférée ?
Cette citation de William Faulkner : “Rêve et vise plus haut que ce tu penses pouvoir faire. Ne te soucie pas d’être meilleur que tes contemporains ou tes prédécesseurs. Essaye seulement d’être meilleur que toi même.”
Umanz- Comment voyez vous le futur de des entreprises à impact ?
Pour moi, à terme, nous ne devrons même plus utiliser ce terme d’entreprise à impact, car cela fera partie intégrante de la proposition de valeur.
On aura vraiment gagné la partie quand on achètera un produit d’occasion dans un magasin Petit Bateau, Sandro ou Cartier avec la même évidence qu’on y achète aujourd’hui un produit neuf.