Au début je ne me suis apperçu de rien Florian avait l’air normal, on avait à peu près fait les mêmes études, les stages dans le même genre de boites. On a logiquement postulé dans la même boîte, diplôme en poche. Bref on démarrait ensemble, on était fait du même bois. Enfin…Pas tout à fait…
Au fils des ans, trois ans pour être précis je me suis apperçu que Florian était un clône…Un humain sans âme et sans affect. Il me fait penser à l’un de mes professeurs quand j’avais 19 ans sec et sans émotion.
Oh j’ai longtemps hésité à en parler gardant pour moi mes premières intuitions et les mettant sous le compte de ma rivalité professionnelle et de ma légère parano… les Bien sûr Florian est ouvert et donne le change aux équipes il joue “by the book”. Il participe, il collabore, il exécute souvent mieux que les autres membres de l’équipe mais je le sens, je le sais il le fait de façon mécanique, arithmétique.
L’intériorité voilà l’ennemie
Les discussions avec lui ressemblent aux conversations avec un chatbot efficaces, sans chaleur sans saveur. Il fuit les sujets “humains”. Aux interrogations introspective de type “Tu ne trouves pas que…” il répond inévitablement “Non, pourquoi ?” Le logiciel de son répondeur automatique la remplaçant parfois pas “Que veux tu dire ?”. Je me suis aperçu récemment que Florian ne lisait pas…Jamais…Il n’y a pas de hasard. L’interiorité…Voila l’ennemie.
“Le Blond de Gad Elmaleh version cauchemar”
Florian est un KPI humain, urbi et orbi, au bureau comme à la maison y compris dans sa relation aux autres. Je me demande s’il garde un compte de ses interactions “humaines” dans une feuille excel comme il traque et publie ses runs de 21 km sur Facebook. Florian, c’est le blond de Gad Elmaleh version cauchemardesque. Un insecte sans émotion, remarquablement adapté à l’entreprise du XXIème siècle. Il n’agit jamais, il réagit parfaitement. Florian, c’est le contraire de la pensée complexe : les actions multiples. En bref, Florian est un instrument, un bel outil sophistiqué. Il ne sort jamais du cadre.
Une machine pour l’âge des machines
Pour moi c’est un peu l’invasion des profanateurs remasterisé version 2030…Dans l’équipe, je sens que je perds mes soutiens au profit de Florian…Ma position s’affaibli de jour en jous, je doute de mes compétences. Pour Florian, le doute c’est comme la culture…Un corps étranger.
C’est bientôt les promotions annuelles, je suis en compétition contre Florian mais cette fois, dans mon Entreprise qui ressemble de plus en plus Gattaca et où l’intuition et l’imagination font figure d’excroissance monstrueuse, l’avantage va à la machine.
D’exécutant, Florian va devenir exécuteur…Mon futur boss sera une machine…Mes jours sont comptés.
Je ne sais pas où je serai dans six mois…