Saviez-vous que la plupart des essais Umanz, ont été un jour des idées balbutiantes, à peine esquissées ? Saviez-vous que depuis 2018, j’ai 238 articles non publiés, des ébauches d’idées à l’état de brouillons qui attendent leur heure au fond de mes tiroirs digitaux et papiers ?
Et c’est précisément parce qu’il y a des idées fragiles, naissantes qu’elles ont besoin d’être conservées et nourries précieusement. Elles ont besoin d’un Petit Poucet 2.0.
Mais, contrairement aux cailloux du Petit Poucet 1.0, les idées ne doivent pas être laissées derrière mais posées devant, afin qu’on les retrouve plus tard dans le futur. La différence n’est pas de mettre des cailloux pour rebrousser chemin vers la maison de ses parents mais pour avancer vers soi.
Comme dans un Koan Zen, les cailloux du petit poucet 2.0 sont mis devant… Et disposés vers l’inconnu.
Cette drôle d’idée m’est venue après avoir lu ce qu’Ed Catmull appelait les “Bébés Moches” chez Pixar, ces idées mal formées, imparfaites mais pleines de vie. Des idées à peine esquissées qu’il convenait de préserver pour un futur, une histoire, un jour, une rencontre où elles s’épanouiraient merveilleusement.
Toutes les idées sont chétives et vulnérables, elles ont besoin d’être nourries et élevées avec soin. Quelques mois après avoir gribouillé deux ou trois lignes autour de cette idée du petit-poucet 2.0, j’ai croisé par hasard – mais en était-ce un ?- un concept venu de la biologie, “la stigmergie. La stigmergie est une trace biologique qu’un insecte comme une fourmi laisse dans la nature à destination d’autres fourmis. Ce concept m’a rappelé que cet essai sur le petit poucet 2.0 méritait peut-être de naître.
Quelque part, j’avais besoin de cette trace stigmergique, cet étrange clin d’œil de mes propres filtres de sérendipité, pour donner à l’idée paradoxale du Petit poucet 2.0 son étincelle de vie.
Plus tard, j’ai retrouvé cette même intuition chez Priscilla Long quand elle explique que parfois nous recevons des conseils que nous ne comprenons que plus tard, souvent lorsqu’ils ont précisément besoin d’être mis en pratique. Il y a véritablement une vie des idées, nous rappelle Elisabeth Gilbert.
C’est toute la beauté des idées du futur posées par notre Petit Poucet 2.0, ce sont des idées intuitives, des idées patientes qui portent en elles des étincelles de possibilités. Comme les écrivains inventent parfois des personnages en quête de roman, certaines idées attendent patiemment l’occasion d’être ramenées à la vie.
Et quel est le message secret du Petit Poucet 2.0 ? C’est d’abord un étrange rappel, celui que nous devons aux idées, un écho à cet insight lumineux Carl Jung : “Ce ne sont pas nous qui avons les idées, ce sont les idées qui nous ont”.
C’est aussi un message d’encouragement, un message minuscule qui tient en quelques mots : Il y a un temps de l’idée. Les idées ont une force de vie qui un jour éclate et les ramènent en pleine lumière.
Les idées du Petit Poucet 2.0 sont des idées qui nous précèdent, des idées qui ne sont pas encore arrivées à maturité, des idées exploratrices, des idées graines. Des idées du futur qui attend notre naissance.
Il suffit de leur laisser du temps, de l’espace, un terrain fertile, un partage parfois avec d’autres petits poucets 2.0 (que je salue au passage). Et de la chance bien sûr, car ce moment Eureka, nourri par un subtil mélange d’espoir et de sagacité, nous autorisera à les retrouver un jour.
Et vous, quelles sont vos idées du futur ?