Je crois qu’enfant nous héritons des territoires qu’il nous faudra conquérir
Je crois qu’enfants, nous héritons des territoires qu’il nous faudra conquérir tout au long de notre vie. Petite, je voulais vivre parce qu’il y avait les fauves, les chevaux et l’appel de la forêt ; les grandes étendues, les hautes montagnes et la mer déchaînée ; les acrobates, les funambules et les conteurs d’histoires.
L’antivie se résumait à la salle de classe, aux mathématiques et à la ville.
Nastassja Martin (Croire aux fauves)
Infiniment plus que tout
Les enfants en bas âge prennent toutes les forces de ceux qui s’occupent d’eux et, en un millième de seconde, par la grâce d’un mot ou d’un rire, ils donnent infiniment plus que tout ce qu’ils avaient pris.
Infiniment plus que tout: c’est le nom enfantin de l’amour, son petit nom, son nom secret.
Infiniment plus que tout: c’est le nom enfantin de l’amour, son petit nom, son nom secret.
Suramour, amour fragile
Christian Bobin
Le don pur
C’est peut-être un invariant de la rencontre animale : quand on croise un animal sauvage par hasard dans la forêt, une biche qui lève les yeux vers soi, on a l’impression d’un don, un don très particulier, sans intention de donner, sans possibilité de se l’approprier.
C’est ce qu’en phénoménologie on appelle un don pur : personne n’a voulu donner, personne n’a rien perdu en donnant, et le don ne vous appartient pas, il pourra se donner à d’autres. On sent monter dedans une improbable gratitude. Juste l’envie de rendre grâce pour cet imprévu aussi beau qui en cet instant existe et se donne aux yeux.
Baptiste Morizot, (Sur la piste animale)
Le Cante Jondo par Georges Bataille
« Après quelques accords de guitare, assis sur l’estrade, il chanta (plutôt lança sa voix en une sorte de cri excédant, déchiré, prolongé et, lorsqu’on l’imaginait épuisé, accédant, dans ce prolongement d’un râle, à l’inimaginable. […] Le chant successivement lent, gémi, puis aigu jusqu’à la démence, atteignait cette extrême région du possible où ne nous font accéder que rarement de violents sanglots. »
George Bataille
Le cœur assouvi
Dans son roman La Mandoline du capitaine Corelli, Louis de Bernières décrit cette dernière halte du voyage vers le cœur. Un vieil homme parle à sa fille de l’amour qu’il éprouvait pour son épouse défunte.
Il lui dit : « L’amour vrai, c’est ce qui reste quand on a cessé d’être amoureux et c’est à la fois un art et un heureux accident. Ta mère et moi l’avons eu, nous avions des racines qui ont poussé les unes vers les autres sous la terre et quand toutes les jolies fleurs sont tombées de nos branches, nous avons compris que nous étions un seul arbre et non deux.
C’est le cœur assouvi.»