Joe Rogan : tsunami média à 100 millions de dollars - Umanz

Joe Rogan : tsunami média à 100 millions de dollars

Joe Rogan : tsunami média à 100 millions de dollars

En France, les gens ne connaissent pas Joe Rogan, ex commentateur de MMA , star de la téléréalité et surtout d’un PodCast téléchargé 190 millions de fois chaque mois dans le monde entier… soit trois fois la population française.

Aux US cette méta-popularité inédite a attiré l’attention des médias et des politiques. Ce phénomène médiatique a lui tout seul lui a valu d’être payé par Spotify près de 100 millions de dollars, plus que n’importe quel musicien au monde…

Il y 20 ans AOL déboursait 162 milliards de dollars pour acheter Time Warner, le deal le plus catastrophique de l’histoire des médias. Spotify a t-il commis une erreur ? Nous pensons le contraire. Le chèque -somme toute minime- offert à Joe Rogan révèle un tout autre et bien plus significatif tsunami médiatique.

Explications sur les nouvelles franchises personnelles, le plus gros angle mort des médias.

Le Premier Média Personnel

Joe Rogan est le premier media personnel. Attention ! pas le premier média de personnalité et pas le premier média agrégateur célébrités, et pas la première marque people. Il représente la première franchise de média personnelle. C’est toute sa valeur, c’est toute sa rareté. Il y a 50 footballeurs et basketteurs recherchés des centaines de musiciens célèbres, il n’y a qu’un seul Joe Rogan. C’est un média non duplicable. 

Joe Rogan constitue l’exemple le plus flagrant de l’inversion totale de la valeur d’un média au moment même où nombre de journaux et magazine aux signatures pourtant prestigieuses mettent la clé sous la porte. Lors de l’annonce du deal, Spotify a vu sa valeur boursière augmenter de 1,7 milliards en 23 minutes.

Il y aura un avant et un après de l’accord Rogan : Spotify : en un instant, un seul media personnel a rendu tous les autres médias impersonnels.

“Dans mon show il y a mon opinion et l’opinion de mon invité”

Joe Rogan

Joe Rogan ouvre l’ère des médias personnels de valeur (ce que n’ont jamais réussi les blogs). Il crée un précédent et un petit miracle à venir pour les autres marques de média personnelles, l’ouverture des chéquiers des GAFA, rois de la récolte non monétisés de contenus copyrightés. Pour la première fois à l’instar des sportifs et des artistes, les plateformes discutent l’exclusivité de franchises medias personnelles.

Le Retour de l’authenticité

Avec un PodCast sans tapage et effets spéciaux. Joe Rogan illustre parfaitement la vague #nofilter  dont nous parle Marie Dollé, exacerbée pendant le confinement. Des dirigeant de Hedge Funds, jusqu’aux red necks croqués dans  the hillbillies elegy,  Joe Rogan évoque une masculinité oubliée et pourtant toujours très présente. Avec sa modestie et sa bonhomie pateline, Il réussit le pari et l’équation impossible de parler à la fois aux “Somewheres” et aux “Anywheres”. Aux gagnants et aux perdants de la mondialisation.

C’est un individu et non une organisation comme le décrit New York Times, et c’est toute sa force :

“…Un bouleversement dans ce dont les gens veulent parler,

la façon dont ils veulent l’entendre

et de qui ils veulent l’entendre…”

New York Times

Le signe le plus improbable de sa popularité : ses fans les plus extrêmes tatouent son visage ou celui de son chien sur leur corps. Qui se ferait aujourd’hui un tatouage Le Monde, Le Figaro, BFM ou TF1 ?

Apolitique, controversé pour ses liens avec l’Alt Right mais ouvert au débat

Supporter de Bernie Sanders à l’élection présidentielle américaine. Il est aussi accusé par la gauche américaine d’inviter des personnalités controversées de l’alt right dans ses conversations. Sa constante ? Laisser le débat exister et la fenêtre d’Overton ouverte.

Comme le dit Bari Weiss, spécialiste de la lutte contre l’anti-sémitisme et amie personnelle de Joe Rogan dans le New York Times :” Tout ce qui limite la discussion est dangereux pour l’évolution des idées”.