“Avec Manon et Yannick on était à CentraleSupélec et on ne se reconnaissait pas dans les jobs qu’on nous proposait. On a alors commencé à se demander comment œuvrer pour le bien commun et c’est comme ça qu’a démarré Latitudes.”
Augustin Courtier est l’un des membres fondateurs de la communauté Latitudes, un collectif réunissant des acteurs du monde technologique – des écoles comme CentraleSupélec, Epitech, ESIEE & entreprises technologiques – et des acteurs du monde de l’innovation sociale, mobilisés pour la Tech for Good, c’est à dire l’utilisation des technologies pour l’intérêt général.
La mission de Latitudes est d’encourager et d’accompagner l’utilisation des technologies au service de l’intérêt général à travers des ressources pédagogiques et une communauté : les Tech for Good Enthusiasts.
Augustin a accepté de répondre aux questions de Umanz.
Umanz – Quelle est votre définition de la tech for good ?
Augustin Courtier : Pour nous la tech for good, c’est se poser des questions à trois niveaux :
- Qui peut faire de la tech for good ? La réponse c’est tout le monde : les entreprises classiques, comme les entreprises sociales ou les associations et administrations mais nous voulons surtout montrer aux entreprises technologiques que leur expertise peut s’appliquer sur des défis sociaux et environnementaux
- La deuxième question c’est pourquoi la Tech For Good ? Les 17 ODD de l’ONU permettent de fixer un référentiel commun qui nous semble intéressant pour mener des actions concertées sur des enjeux liés à l’environnement, l’éducation et l’égalité, tout en étant conscients que ces enjeux qui évoluent avec le temps et selon les pays.
- Si tout le monde peut faire de la tech for good, et qu’il existe de nombreux enjeux sur lesquels s’engager, pour nous cela ne suffit pas. Faire de la tech for good implique de se poser la question des externalités positives ou négatives induites par la technologie produite ou utilisée : émission carbone, gestion des données, éthique, respect de la vie privée. Il faut être conscient de tous ces enjeux pour maximiser la chance d’une technologie d’aller dans le bon sens.
En résumé, notre définition de la Tech for Good est celle d’une “tech” qui est au service de la résolution d’enjeux sociétaux majeurs, tout en restant vigilante à ses externalités : nous refusons le solutionnisme technologique, et nous invitons chacun à questionner la technologie qu’il ou elle développe pour s’assurer qu’elle n’est pas génératrice d’externalités négatives ailleurs.
Umanz – Quels sont les grands défis de la Tech ?
Augustin Courtier : En ce qui concerne la technologie, on résume souvent les principaux enjeux auxquels elle fait face à :
- L’ accessibilité face à la fracture numérique,
- L’impact environnemental (selon le Shift Project l’empreinte énergétique du numérique est en progression rapide, de 9 % par an)
- La gestion des données de plus en plus opaque, irréfléchie et incontrôlée
L’autre difficulté de la tech for good c’est qu’elle n’est pour l’instant qu’un microcosme qu’il s’agit de développer !
Chez Latitudes et avec d’autres structures notre ambition est donc d’attirer des gens autour de la notion de la tech for good, partager des valeurs communes, et comme tout autre filière, se structurer autour du financement, de l’enseignement, de la recherche et de l’innovation.
Nous agissons sur les leviers de l’enseignement et du business chez Latitudes et espérons être complémentaires avec de nombreux autres acteurs qui se positionnent à leur niveau. Notre ambition est de connecter le monde de la tech et le monde des entreprises sociales et du bien commun car à ce stade, les gens ne font pas forcément le lien dans leur métier quotidien.
Umanz- Comment votre communauté agit-elle en faveur de la Tech for Good ?
Augustin Courtier : Nous avons deux axes :
- Le premier est de participer à la transformation de l’enseignement supérieur. Faire que les futurs ingénieurs, développeurs ou toute personne qui aura un emploi dans le monde de la tech se posent la question de la technologie et vers quoi ils veulent l’orienter à travers des ateliers ou projets et réalisations concrètes ( la gestion de la data pour les restos du coeur, la lutte contre le cancer, ou les entreprises d’insertion.)
- Le deuxième consiste à permettre aux diplômés après la sortie de l’école de s’impliquer au quotidien, avec leurs compétences, au service du bien commun.
Nous avons notamment une offre à destination des entreprises technologiques pour leur permettre d’engager leurs collaborateurs en bénévolat ou mécénat de compétences sur des actions comme le bilan technologique d’une association, des hackathons, etc. Nous travaillons par exemple avec Devoteam, Illuin Technology ou Margo sur ce sujet.
Nous mettons aussi nos compétences à disposition des structures d’intérêt général, administrations publiques ou associations par exemple pour les aider à tirer parti des technologies pour démultiplier leur impact
Et nous ne sommes pas les seuls ! D’autres structures existent comme Vendredi.cc
In fine, Notre volonté est de créer des modèles pour que les étudiants et professionnels se reconnaissent dans d’autres schémas de réussite.
Umanz- Quels sont vos futurs projets chez Latitudes ?
Augustin Courter : Notre objectif à court terme est de stabiliser notre modèle économique et opérationnel pour réfléchir la réplication de notre communauté dans d’autres villes.