Gilles Giudicelli : la méthode Clic-clac au secours des petites addictions - Umanz

Gilles Giudicelli : la méthode Clic-clac au secours des petites addictions

Trop de clopes, trop d’alcool, trop de bouffe, trop de connexions…

Gilles Giudicelli, auteur et directeur des études dans une pépite française de la pub vient de publier La méthode Clic-clac, un petit livre pour se débarrasser avec légèreté de ses petites addictions et frustrations.

Interview et décryptage :

Umanz : D’où vient l’inspiration de la méthode Clic-clac ?

Gilles Giudicelli : Elle est totalement empirique, elle vient de mon questionnement sur mon propre usage compulsif du tabac, de l’alcool et des réseaux sociaux.

En analysant les ressorts de l’addiction, un constat de base s’est imposé : les êtres humains, historiquement conditionnés pour sécréter des endorphines dans certaines situations rares, ont basculé dans une société d’abondance extrême qui nourrit, en mode presse-bouton, leur appétit permanent de loisirs et de drogues légales ou illégales.

Le problème des petites addictions contemporaines est que le circuit de production d’endorphine est faussé, que nous recherchons activement ces gratifications instantanées et que ce ce qui était sain dans l’environnement de rareté devient désastreux en environnement d’abondance.

Umanz : Vous avez été le premier à tester la méthode sur vous même ?

Gilles Giudicelli : Oui, je faisais trop de Facebook et ça m’empêchait d’écrire, me séparait de ma famille et aussi paradoxalement de mes amis.

Donc mon premier pas a consisté à arrêter Facebook le lundi, ça pas été trop dur. J’ai retrouvé du temps, beaucoup plus de temps que je ne pensais avoir. Du coup, je ne savais pas trop quoi faire de mes mains. J’ai donc décidé de documenter mon arrêt de Facebook…Sur Google docs ;-))…Et ça a donné la méthode Clic-clac.

Umanz : En quoi consiste la méthode Clic-clac ?

Gilles Giudicelli : La méthode Clic-clac tire son nom de l’effet de cliquet cher aux économistes. Elle ne prône pas un arrêt brutal, souvent source de frustrations et produisant un taux d’échec hallucinant : de l’ordre de 90% pour les fumeurs. Au contraire, elle préconise un arrêt graduel, un jour par semaine par exemple, qui laisse la possibilité de reprendre les autres jours de la semaine jusqu’au fameux jour couvre feu.

Le principe est que tu avances petit à petit, en mode baby steps et sans revenir en arrière.

Et pourquoi ça marche ? Parce la science nous dit qu’arrêter d’un coup est une prise de décision du cortex néo frontal, celui qui tient les résolutions. C’est une bête de course mais il très énergivore donc ne tient pas longtemps…C’est en fait le noyau gris central qui est à l’oeuvre dans la gestions des frustrations et il ne sait faire que ce qu’il a appris. Il faut donc l’habituer progressivement. il faut que la partie intelligente en toi éduque la partie bête…

Le secret de la méthode Clic-clac : “parler à la bourrique* en toi”.

Umanz : Et ça marche sur toutes les addictions ?

Gilles Giudicelli : La méthode Clic-clac a été testée sur les addictions légères. Sa particularité est le sevrage partiel par opposition au sevrage total. Elle permet de s’attaquer à la nocivité de l’habitude et non à l’habitude elle même. Elle s’inscrit dans la mouvance des programmes dits de « consommation contrôlée », qui ont fait leurs preuves depuis plus de vingt ans, notamment dans le cadre d’une désintoxication de l’alcool*. Mais je recommande bien sûr d’aller voir des spécialistes sur les addictions plus lourdes.

* Marlatt, A. & Witkiewitz, K. (2002). Harm reduction approaches to alcohol use: health promotion, prevention and treatment. Addictive Behaviors, 27, 867-886.