Il n’ y aura plus que des réponses - Umanz

Il n’ y aura plus que des réponses

«Il n’y aura plus que ça. La demande sera telle que… il n’y aura plus que des réponses. Tous les textes seront des réponses, en somme.

Je crois que l’homme sera littéralement noyé dans l’information, dans une information constante. Sur son corps, sur son devenir corporel, sur sa santé, sur sa vie familiale, sur son salaire, sur son loisir. Ce n’est pas loin du cauchemar. Il n’y aura plus personne pour lire. Ils verront de la télévision. On aura des postes partout, dans la cuisine, dans les water-closets, dans le bureau, dans les rues. Où sera-t-on ? Tandis qu’on regarde la télévision, où est-on ? On n’est pas seul.

On ne voyagera plus, ce ne sera plus la peine de voyager. Quand on peut faire le tour du monde en huit jours ou quinze jours, pourquoi le faire ? Dans le voyage, il y a le temps du voyage. Ce n’est pas voir vite, c’est voir et vivre en même temps. Vivre du voyage, ça ne sera plus possible.

Tout sera bouché, tout sera investi. Il restera la mer, quand même, les océans. Et puis la lecture. Les gens vont redécouvrir ça. Un homme, un jour, lira. Et puis tout recommencera. On repassera par la gratuité. C’est-à-dire que les réponses, à ce moment-là, elles seront moins écoutées. Ça commencera comme ça, par une indiscipline, un risque pris par l’homme envers lui-même. Le jour où il sera seul de nouveau, avec son malheur, et son bonheur, mais qui lui viendront de lui-même. Peut-être que ceux qui se tireront de ce pas seront les héros de l’avenir, c’est très possible, espérons qu’il y en aura encore…

Je me souviens avoir lu le livre d’un auteur allemand de l’entre-deux-guerres. Je me souviens du titre, Le dernier civil de Ernst Glaeser. J’avais lu ça, que lorsque la liberté aurait déserté le monde, il resterait toujours un homme pour en rêver. Je crois que c’est déjà commencé.»