La sélection des Astronautes pour des missions spatiales qui peuvent durer de 3 mois à 3 ans est drastique. Typiquement la Nasa ne retient que 60 candidats sur 18.000. Un des critères de sélection fondamental est la capacité à opérer en équipe dans un espace restreint.
Et pourtant, malgré la grande stabilité des candidats, les conflits surviennent inévitablement. Certains astronautes ne supportent même plus d’être dans la même ville à leur retour sur terre. Les longs confinements posent en effet des challenges complexes en terme de stress, de claustrophobie et de promiscuité.
“Toutes les conditions sont réunies pour le meurtre si vous réunissez deux êtres humains dans un espace de 6 mètres sur 5” expliquait il y a quelques années, Valery Ryumin, cosmonaute Russe de Saliout 6.
Quelles sont alors les meilleures pratiques pour la vie de groupe ?
De nombreuses études menées par la NASA et d’autres agences spatiales viennent nous éclairer sur le vivre ensemble en situation extrêmes et en espaces restreints. Elles font l’objet de nombreux entraînements et simulations avant les missions spatiales et reflètent également ce qui maximise les conditions de vie commune et de confinement dans les plateformes pétrolières, les sous-marins ou les expéditions polaires.
Les attributs essentiels de la vie en groupe
Une étude menée conjointement par la Nasa et l’APA et dirigée par Laurence Blackwell Landon, Kelley J. Slack et Jamie D. Barret souligne en particulier 9 attributs critiques à une équipe ;
- Le discernement
- L’ adaptabilité,
- La motivation,
- La stabilité émotionnelle,
- L’agréabilité (“agreeableness‘ en anglais)
- L’ adaptabilité,
- La capacité à guider une équipe,
- La gestion du changement,
- La conscience professionnelle
- L’humour (notamment la capacité à dérider l’équipe sur des situations propres à l’habitat spatial et qui permet de bâtir une culture commune et partagée.)
Elle insiste sur le critère fondamental de la stabilité émotionnelle qui est souvent le facteur d’exclusion d’un membre de l’équipe.
Comment maximiser la qualité de vie collective
L’écoute active, la tolérance, les méthodes de gestion des conflits sont essentielles à la maximisation de l’esprit d’équipe.
L’étude recommande aussi d’éviter les fractionnement en sous-groupes et les lignes de fractures par affinités (invisibles et bénignes au début) mais génératrices de tensions futures.
Elle note également l’importance d’un sommeil de qualité et la capacité de s’aménager des espaces personnels de retrait, même en espace restreint.
“Parfois on n’a pas besoin de 6 cuisiniers dans la cuisine” rapporte un astronaute.
Rites et moments festifs
Une étude en cours, « At Home in Space » pilotée par Phyllis Johnson socioloque et le psychologue Peter Suedfeld pour l’agence spatiale Canadienne note aussi l’importance de la Communication avec l’extérieur qui réduit le stress de l’isolement.
Les auteurs soulignent également l’importance des conversations sur les valeurs et la capacité à créer des rites internes festifs sources de valeurs partagées (les 100 jours, les anniversaires, le “space day » du 12 avril)
L’étude de la Nasa insiste de son côté sur la qualité des debriefings qui permettent d’appréhender les dysfonctionnement majeurs et de mieux coordonner les tâches. A cet égard, le débriefing de situation conflictuelles interpersonnelles doit être particulièrement soigné et déminé en profondeur.
Phyllis Johnson rappelle aussi l’importance de conserver ses hobbies à l’exemple du Commandant Chris Hadfield qui a enregistré et commercialisé tout un album à la guitare dans l’espace.
Voir aussi ici ce superbe Tuto publié par Thomas Pesquet sur les bonnes pratiques de confinement