Air Space : la banalité de l’esthétique algorithmique - Umanz

Air Space : la banalité de l’esthétique algorithmique

 

“Les mêmes, dans toutes les villes… »

Depuis un moment un sentiment insidieux vous envahit :

Votre restaurant, votre salon, votre boutique de fringue, votre bureau, ressemblent à des stéréotypes algorithmisés et instagrammisés.

Le problème ? Contrairement à l’ère des chaînes et des enseignes aux décors convenus et attendus c’est qu’il s’agit de restaurants “indépendants” mais qu’ils partagent tous ce l’esthétique-faussement-patinée-et-artisannalement-authentique vue partout. En bref la vacuité d’un MEME esthétique reproduit dans toutes les capitales du monde avec juste ce qu’il faut de marbre, de cuivre, bois patiné et d’accessoires de motos vintages….Du moment qu’on a le WIFI…

Ce douloureux sentiment de dérouler une story Instagram dans le monde physique, c’est un phénomène que que Kyle Chayka, architecte digitale a très judicieusement nommé “Air Space” .

“Sameness” : la similitude personnalisée

D’AirBnB aux halls de startups en passant les boutique hotels, les lounges d’aéroports et les cafétérias d’entreprise  l’AirSpace se répand et impose son uniformisation inquiètante en ce sens qu’elle atteint le prodige d’être éminemment variée toute en restant étrangement limitée rejoignant l’impression « d’hallucination du Normal » qu’utilisait Rem Koolhas pour décrire les villes génériques dans les années 1980.

Ces décors qu’on a l’impression ennuyeuse de rafraîchir comme un feed instagram sont le nouveau lot des nomades digitaux de Londres, Paris, Singapour ou New York. Une nouvelle version de l’Ikea Life en mode faussement gentrifié et personnalisé de la “Massclusivity” au point de rejoindre, ultime paradoxe, la notion de non-lieux du sociologue Marc Augé.

Certes, au moins, on évite les mauvaises surprises et certains avancent que cette avancée du goût et du design est plutôt rassurante.

Le New Beau ne sera pas algorithmisable

Mais l’esthétique peut-elle être globalisée au point d’en être transparente ? Car avant les algorithmes le beau s’était toujours débrouillé pour renaître hors de la norme, du mainstream et des conventions.

Échappera t-il une nouvelle fois à la prison des codes ? Qui cassera les codes des codes ?

Patrick Kervern

@pkervern